TOUT EST DIT

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jeudi 18 novembre 2010

Corruption et financement politique


L’affaire Bettencourt a fait sauter un ministre, Éric Woerth. L’affaire Karachi pourrait faire plus de dégâts encore dans la classe politique, car il y a mort d’hommes innocents. Le 8 mai 2002, une bombe tuait quatorze personnes, dont onze techniciens et ingénieurs français, venus assembler à Karachi des sous-marins vendus au Pakistan. Pendant des années, les enquêteurs ont suivi, sans succès, la piste d’Al-Qaïda. Elle était bien pratique, cette piste, mais elle n’a mené nulle part… Depuis que, sous la pression des familles des victimes, la justice s’intéresse à celle de la corruption, les éléments du dossier s’emboîtent beaucoup mieux !


Le schéma est tristement banal : pour obtenir le marché des sous-marins, en 1994, l’État français aurait généreusement « arrosé » les clients pakistanais. Tout le monde fait pareil, diront les spécialistes des contrats d’armement. Oui, mais la corruption ne se serait pas arrêtée là : une grande partie des pots-de-vin serait revenue en France pour financer, notamment, la campagne électorale d’Édouard Balladur… qui a finalement été battu, en 1995, par Jacques Chirac. Celui-ci, en rétorsion contre son « ami de trente ans », aurait mis fin au versement des bakchichs, provoquant la fureur des Pakistanais, et, sept ans plus tard, l’attentat de Karachi.


Élucubrations ? Nicolas Sarkozy, qui était, en 1994 et début 1995, ministre du Budget et porte-parole d’Édouard Balladur – et donc deux fois aux premières loges de ce dossier —, a parlé de « fable » à propos des soupçons de corruption. Il vient d’être contredit par Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, qui a confirmé, lundi, devant le juge Van Ruymbeke, l’existence de rétrocommissions. Ce témoignage ne peut être ignoré. Scandale d’État ou pas, et même si de très hauts responsables politiques sont impliqués, il faut vider l’abcès. Les Français ont le droit de savoir ce qui s’est réellement passé à Karachi et, aussi, pourquoi les comptes de la campagne électorale d’Édouard Balladur ont été validés par le Conseil constitutionnel, en 1995, malgré un avis défavorable des rapporteurs chargés de les éplucher. Il ne sert à rien d’édicter des lois encadrant le financement des partis politiques si elles ne sont pas appliquées.

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