Le Front national, désormais orphelin de son grand géniteur, est entré en campagne interne pour en désigner le successeur à son congrès de janvier prochain. Ceux qui en sont distants, et même parfois ceux qui n'y sont pas insensibles, distinguent mal ce qui peut faire débat au sein d'une telle formation (qui n'a rien du PS…). Il est vrai que les thèmes dénonciateurs de l'immigration, de l'insécurité, du « fiscalisme », des politiciens, de l'Europe ou du mondialisme constituent ensemble un corpus prégnant. Il s'y est ajouté le parti d'évoquer ouvertement quelques vrais problèmes ou authentiques démangeaisons, relégués ailleurs dans l'inconscient par diverses formes de honte ou de conformisme. En quoi Le Pen a pu faire son trou en appelant un chat un chat (pauvres chats…). C'est cette version de la sincérité qui a fait le succès de son entreprise.
Mais, aujourd'hui, la confrontation des candidats dégage deux choix différents dans la carte des sincérités. Marine Le Pen, dite plus moderne et entourée de quelques experts, lutte contre l'« islamisme » en dédouanant l'exaspération contre les immigrés. Mais elle emprunte aussi à d'autres thèmes plus classiques comme l'emploi, la vigilance protectrice de l'Etat ou la sensibilité « nationale populaire ». Les commentateurs la disent du coup plus « fréquentable », le reste étant hébergé dans les non-dits. En face, Bruno Gollnisch n'en admet aucun. Gardien du noyau dur de la doctrine, entouré de burgraves intégristes, antisémites, négationnistes, anciens d'Indochine, d'Algérie ou nostalgiques de Pétain, il assume. Sa sincérité ne s'autorise aucune concession. Desservant de la flamme, il en est au point qu'il serait prêt à quelque indulgence pour les Arabes, comme jadis le grand mufti de Jérusalem, Husseini, en avait pour les nazis. Si l'on était à l'UMP, on souhaiterait qu'il l'emporte. C'est peu probable. Il reste à rêver d'une scission.
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