TOUT EST DIT

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jeudi 18 novembre 2010

Droits de l'autre


L’Irak est leur pays, et pourtant ils ne savent pas s’ils désirent y retourner. Blessés dans l’attentat de la cathédrale syrienne-catholique de Bagdad, à la veille de la Toussaint, ils ont été accueillis en France pour y être soignés. Leurs histoires racontent le même quotidien marqué par la peur et la mort. Ils sont profondément déchirés : doivent-ils choisir l’exil pour enfin connaître la paix ; doivent-ils revenir sur leur terre qu’ils ne veulent pas déserter ? Choix terrible, quand il engage ceux qu’on aime.


Le dilemme se pose également aux pays d’accueil : recevoir ces personnes en danger, ne pas renvoyer chez eux des demandeurs d’asile irakiens (comme le demande la Cour européenne des droits de l’homme à plusieurs pays européens), est un devoir d’humanité ; mais n’est-ce pas entériner l’exil de fait des communautés chrétiennes d’Orient, n’est-ce pas conforter certains pays où l’islam est majoritaire dans l’idée qu’il n’y a pas de place chez eux pour des croyants d’autres religions, qu’ils n’ont qu’à s’installer en Occident ? Les responsables chrétiens du Proche-Orient redoutent cet exode et interpellent la communauté internationale pour qu’elle ne s’arrête pas aux solutions d’urgence ; tout doit être mis en œuvre pour assurer la sécurité dans cette région particulièrement inflammable. Car la présence de ces minorités, ancrées ici depuis les origines du christianisme, n’est pas une vétille au regard des problèmes du monde, elle ne relève pas d’une « tolérance » ; elle est un droit et une chance. Le statut fait aux minorités religieuses est en effet un bon indicateur du degré de liberté d’une société.


Vendredi 19 novembre, à l’occasion de la rencontre des cardinaux à Rome, sous le feu de cette dramatique actualité, le pape devrait rappeler, dans la continuité du concile Vatican II, l’importance de la liberté religieuse comme un droit essentiel des hommes et des femmes. Toutes les religions sont soucieuses de leurs droits ; elles demandent à être respectées. Le plus difficile – pour les États comme pour les religions elles-mêmes – étant de défendre la liberté de l’autre, autrement croyant.

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