TOUT EST DIT

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jeudi 18 novembre 2010

L'axe Mélenchon-Villepin

Mélenchon et Villepin ont décidé de hausser le ton, à gauche et à droite. Dans des styles et des thèmes évidemment opposés, mais avec une démarche analogue. Chacun à sa manière a pris le parti de faire dégénérer en dispute le débat électoral, d'utiliser plus l'imprécation que la démonstration, d'user au besoin de l'injure pour forcer l'attention. L'un anime son combat en traitant de « salauds » certains journalistes ou en titrant son dernier livre d'un ordre de proscription (« Qu'ils s'en aillent tous ! »). L'autre, après s'en être pris à ces « connards » de parlementaires ou à ces « perroquets » de ministres, fait de Sarkozy « l'un des problèmes de la France », et de son mandat une « parenthèse politique ». L'un comme l'autre ont sans doute été réduits à ce stade exaspéré pour n'avoir pas été assez reconnus, à leurs yeux, dans leurs propres camps. Mélenchon parce que le PS a trahi le « vrai socialisme », que naturellement il représente ; Villepin parce que la droite n'a consacré ni les éminentes qualités dont il se pare, ni la légitimité dont il se réclame bien qu'il n'ait jamais été élu par personne.

Dans leurs rôles respectifs de déstabilisateur de la gauche ou de diviseur de la droite, chacun met de soi-même ce qui les rend toutefois si différents : pour Mélenchon de la truculence et une sorte de rondeur violente qui font merveille dans les sections ou les bistrots ; pour Villepin une méchanceté pincée qui fait se pâmer les salons ou les patronages. L'un tonne, l'autre siffle. Le premier déploie un courroux vilipendant les nantis, le second distille une haine personnelle contre un seul homme. Parmi les « places » que l'un veut redonner au peuple, le second se concentre sur celle qu'il exige pour lui. Un humoriste d'époque se régalerait de ce couple « Mélenchon et Galouzeau » aux sonorités louis-philippardes. A la vérité, la politique manquerait de pittoresque s'ils n'étaient pas là.

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