TOUT EST DIT

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mercredi 3 novembre 2010

L'Europe se reprend

Calamiteuse à bien des égards, la crise économique en cours depuis 2008, et notamment celle des finances publiques, aura au moins eu un effet collatéral positif : une progression sur la voie de la mise en commun d'un certain nombre de moyens à l'échelle européenne. Coup sur coup, deux éléments sont venus appuyer cette analyse. Premier acte : à Deauville il y a dix jours, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont d'abord conclu un accord pour introduire dans le droit européen un mécanisme pérenne d'aide aux pays en difficulté financière. Avec l'appui de Londres, le compromis a été avalisé vendredi dernier à Bruxelles par les autres pays, en même temps que les éléments constitutifs d'une gouvernance éco-nomique se mettaient en place. Hier, second acte : le président français et David Cameron, le Premier ministre britannique, ont profité des difficultés budgétaires pour franchir une étape dans le partage des coûts de leurs forces conventionnelles et nucléaires. Bien entendu, personne ne niera que les deux sujets sont fort éloignés l'un de l'autre. Leur rapprochement livre pourtant quelques enseignements. Trois en réalité.

Le premier est que, au-delà du fond, Nicolas Sarkozy - aussi emphatique que son homologue était prudent hier -ne peut avoir que des avantages à équilibrer la relation franco-allemande par un axe Paris-Londres dans le domaine ô combien régalien de la défense. Cela permet de contrebalancer un leadership germanique chaque jour plus indiscutable en Europe sur les questions économiques.

La deuxième leçon est que l'Europe et les Européens… bougent encore. Désolant et sinistré il y a un an, le paysage offert aux citoyens du Vieux Continent l'est moins aujourd'hui. Pour compléter le tableau, il convient de relever aussi l'adoption par la Commission, il y a huit jours, des cinquante propositions de Michel Barnier, chargé du Marché intérieur et des Services, pour « approfondir l'Acte unique ». De tout cela, il y a plus de raisons de se réjouir que de se plaindre.

Le dernier enseignement tempère, hélas, les deux précédents. Les trois initiatives évoquées ci-dessus ne constituent encore qu'une réponse timide, et surtout défensive, aux défis qui se présentent. Les tensions récentes entre les gouvernements et la Banque centrale européenne, l'absence d'un exécutif fort à Bruxelles, de grands projets collectifs ou même d'une attitude commune vis-à-vis de la Chine sont autant de raisons, aussi, de modérer son enthousiasme.

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