TOUT EST DIT

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mercredi 3 novembre 2010

Cuba ou l'impossibilité d'une île

Le président Raul Castro vient de décréter une nouvelle révolution. Il paraît que 178 métiers vont être désormais ouverts à l'initiative privée. L'impression quasi sismique qu'on ressent à cette nouvelle ne vient pas de la liste - limitative -de ces activités à qui on octroie ainsi la liberté d'entreprendre, des coiffeurs aux gardiens de parking. Elle naît de la subite conscience, chez l'observateur, de toutes celles qui en étaient privées jusqu'ici ; toutes, en résumé. Faute de disposer d'une information exhaustive on ne sait pas si, à la faveur de cette réforme, les oiseaux ont recouvré la liberté de chanter.

Parmi notre génération de baby-boomers, certains ont arboré en leur temps des T-shirts à l'effigie de Che Guevara. Pour eux, l'île mystérieuse a perdu son mystère, comme ils ont perdu leur jeunesse. Et rien ne leur sera épargné. En annonçant la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires, le pouvoir cubain assène la même purge arithmétique que le conservateur Cameron au Royaume-Uni, et pour une population six fois moindre. Il faut être honnête : dans un pays qui en compte 90 % dans sa population active, il est difficile d'y rencontrer quelqu'un d'autre. Cette réforme de la révolution s'est condamnée à s'épanouir dans un bocal.

Pour le reste, les heureux bénéficiaires des 178 métiers devront naturellement cotiser à la Sécurité sociale et payer des impôts sur le chiffre d'affaires ou les salaires. Car ils auront même l'autorisation d'embaucher des salariés. On parie que beaucoup d'entre eux reculeront devant ces responsabilités insoutenables (ceux qui en étaient capables ont déjà quitté l'île). Mais le plus étonnant est qu'une tyrannie aussi ubuesque ait pu durer cinquante ans, et inspirer à l'extérieur de tels fantasmes à l'intérieur, un tel « décervelage ». C'était précisément la formule favorite du père Ubu. On attend sa statue à La Havane.

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