mercredi 3 novembre 2010
Russie : le verre à moitié plein
On peut ne voir en la Russie qu'un verre à moitié vide : tensions politiques et régionales, arbitraire gouvernemental et judiciaire, corruption répandue aussi bien dans l'administration que dans les affaires, économie très cyclique et ultradépendante du cours des matières premières, démographie déclinante… Et pourtant, en annonçant, hier, qu'il était prêt à réinvestir pour prendre le contrôle d'AvtoVAZ, son allié russe, Renault n'a pas perdu la raison. D'une manière rationnelle, le groupe dirigé par Carlos Ghosn a décidé de voir en la Russie un verre à moitié plein.
Certes, le marché russe ne sera jamais l'équivalent du chinois. Dans une poignée d'années, les Chinois devraient acheter plus de 17 millions de voitures par an contre seulement 3 millions pour les Russes. Un chiffre néanmoins considérable qui fera de la Russie le premier débouché d'Europe devant l'Allemagne et un relais de croissance aussi important que l'Inde ou le Brésil.
Présent simplement par procuration - par le biais de son partenaire Nissan -aux Etats-Unis et en Chine qui représentent les deux premiers marchés de la planète, Renault se doit d'être en prise directe en Russie. Même si Nissan l'accompagne dans une montée en puissance au sein d'AvtoVAZ, il serait d'ailleurs souhaitable que Renault ne partage pas trop les risques et donc les profits potentiels avec son partenaire nippon.
Certes le danger est réel. Renault a déjà investi plus de 1 milliard de dollars en Russie. Le retour sur investissement promet donc d'être long. Mais Renault peut s'appuyer sur deux cartes maîtresses. Avec Lada, il jouit d'abord d'une position de départ de numéro un qui peut être consolidée. Et avec la gamme de véhicules low cost conçue pour Dacia, il dispose ensuite d'une expertise en phase avec une bonne partie de la demande russe.
S'il fait le pari de réinvestir, Renault, qui reste très endetté, sera peut-être sanctionné en Bourse. Mais le groupe qui vient de céder une partie de sa participation dans Volvo Trucks a retrouvé un peu de marge de manoeuvre financière. Surtout, en montant au capital d'AvtoVAZ, il accroîtra certes son exposition au risque russe. Mais si l'opération s'avère fructueuse, il empochera une part plus importante des bénéfices.
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