L'impuissance n'est pas une excuse. Ce n'est pas parce que la plupart des Etats pensent qu'ils ne peuvent rien faire ou presque pour protéger leurs citoyens face aux dérives de l'Internet que le public doit se résigner. Face à la montée des réseaux sociaux stockant un nombre croissant d'informations de plus en plus personnelles sur une population de plus en plus large, il serait même urgent que les gouvernements agissent et proposent des règles du jeu claires pour le Net.
Certes, la tâche peut paraître impossible. Face à un univers virtuel ayant dépassé toutes les frontières physiques ou géopolitiques, un gouvernement isolé, prisonnier de son propre espace national, peut-il vraiment croire qu'il sera en mesure d'encadrer des multinationales pratiquement apatrides ? Pour mieux contrôler le cyberespace, il faudrait des lois internationales… Mais qui peut croire que notre monde, qui manque d'une ambition commune sur des sujets aussi majeurs que l'environnement, l'agriculture, le commerce ou la régulation financière, sera capable de se mobiliser et de s'unir pour protéger les Net-citoyens. Surtout, même si elle pouvait émerger, toute législation ne serait-elle pas systématiquement en retard d'une loi face à un monde numérique dopé au progrès technique et évoluant en permanence ?
Tout cela est vrai, mais ce n'est pas parce qu'un sujet semble trop complexe que la seule réponse doit être de ne rien faire. Au niveau national, au moins, les Etats se doivent de surveiller et de punir les pratiques et éventuels abus des acteurs du Net. Eduquer le public quant aux risques et obliger les sites à informer les utilisateurs de façon transparente et simple ne suffit pas. Il faut plus que des chartes de bonne conduite. Il serait également naïf de croire que le simple jeu de la concurrence suffira. La pression concurrentielle risque de ne pas être assez forte pour obliger des géants comme Facebook ou Google à modifier leurs pratiques pour séduire les internautes. Les start-up sont devenues des géants qui engrangent des dollars en monétisant les informations personnelles. Ils ne lâcheront pas volontairement la main sur des données aussi stratégiques. En défendant l'idée d'un droit à l'oubli numérique - un droit qui permettrait à chaque internaute de faire effacer ses traces -la France est peut-être idéaliste, mais elle a en tout cas le mérite de lancer un véritable débat.
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