TOUT EST DIT

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jeudi 14 octobre 2010

La tentation gouvernementale d'Alain Juppé

Nicolas Sarkozy se rend jeudi à Bordeaux pour parler recherche et innovation. Mais son déplacement, à l'approche du remaniement, pourrait relancer les spéculations sur un retour du maire de la ville au gouvernement.

 Alain Juppé l'avait juré haut et fort, lui serait « un maire à plein-temps » et n'accepterait « aucune responsabilité » ministérielle. Il a changé son fusil d'épaule. L'ancien Premier ministre, qui accueille jeudi dans sa ville Nicolas Sarkozy pour un déplacement sur la recherche (1), a des fourmis dans les jambes. A l'étroit dans ses habits d'élu local - même s'il dit ne pas s'« ennuyer » -, celui que Jacques Chirac qualifiait de « meilleur d'entre nous » se verrait bien revenir au gouvernement à la faveur du prochain remaniement. Pas coûte que coûte, mais revenir quand même.

Oubliée la « Tentation de Venise », l'ouvrage dans lequel il avait confié penser à abandonner la politique. Depuis la rentrée, Alain Juppé se dit publiquement prêt à « servir » , à être « utile » à Nicolas Sarkozy « si des circonstances nationales faisaient que le président de la République avait besoin d'un certain nombre de responsables politiques ». Et, s'il garde sa liberté de parole, il se fait plus discret, déclinant désormais les demandes d'interview. « Pour ne pas rajouter à la confusion générale », explique un de ses fidèles.

« Qu'est-ce que j'irai faire dans le "Titanic" ? »

Parmi ses proches, certains l'ont mis en garde. A un an et demi de la présidentielle, rentrer au gouvernement serait à leurs yeux « une erreur ». « Ce n'est pas à sa dimension », soupire un député, qui veut croire que l'ancien Premier ministre « a toujours un destin ». Mais, pour Alain Juppé, qui avait décliné en début d'année la présidence de la Cour des comptes, c'est assez tentant. D'abord parce que, selon ce même parlementaire, « il est convaincu - il raisonne comme cela -qu'il peut avoir une utilité, au sens fonctionnel du terme ». Ensuite parce qu'il ferait ainsi son retour sur le devant de la scène nationale. Ce serait une occasion pour lui de redorer un blason terni par son passage à Matignon, où il s'est de son propre aveu « planté ». Une revanche, aussi, trois ans après avoir été contraint de renoncer à son portefeuille de ministre d'Etat à l'Ecologie dans la foulée de son échec aux législatives.
Mais l'homme, arguant avoir « passé le temps des strapontins », a posé ses conditions et fait monter les enchères. « Qu'est-ce que j'irai faire dans le "Titanic" ? », a-t-il récemment demandé au chef de l'Etat, qui n'a guère goûté la comparaison. Alain Juppé, dont le nom est cité aux Affaires étrangères, à la Défense ou à l'Environnement, veut un grand ministère et y avoir les mains libres. Autrement dit : que tout ne soit pas « téléguidé » par l'Elysée.

rien n'est acquis, mais rien n'est exclu non plus

Reste à savoir ce que décidera Nicolas Sarkozy, qui lui a refusé il y a un an un grand ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Même si le maire de Bordeaux l'irrite, le président peut avoir intérêt à faire entrer au gouvernement des poids lourds de la majorité. Surtout les plus critiques. « Quand on est dans l'instabilité, on a besoin de sages. Il a besoin de gens qui lui apportent l'Etat », analyse Dominique de Villepin. Pour l'heure, rien n'est acquis, mais rien n'est exclu non plus. « Il n'y a eu aucune décision. Ce n'est pas encore le sujet », assure-t-on à l'Elysée.
Les relations entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé jeudi même à Bordeaux, comme les propos qu'ils tiendront, seront scrutés avec attention.
PIERRE-ALAIN FURBURY

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