jeudi 14 octobre 2010
En sol mineur
Le concerto du bonheur en sol mineur. Sur l'air de El pueblo unido, une rafraîchissante gorgée d'air pur dans ce monde de brutes. Ce n'est pas si souvent qu'aux premières lueurs du petit matin nous essuyons quelques larmes d'émotion devant nos lucarnes d'ordinaire si impudiques. Les images venues du glacial désert salé d'Atacama sont le témoignage du soulagement de tout un peuple bouleversé. Trente-trois délivrances, comme autant d'accouchements par cette terre encore mal éclairée et repentie de son brutal et si prévisible ensevelissement. Renaissances euphoriques sur grand écran, émouvantes prières à la bienfaitrice providence pour ce salut inespéré, le spectacle était total. De la vraie télé réalité.
Mais la fête ne tire pas le rideau sur les difficultés des emmurés et l'euphorie partagée pendant des dizaines d'heures par tous les Chiliens, ne signifie pas la fin de leur solitude. Ils sont sortis debout, dopés par leur propre adrénaline et sans doute par quelque potion magique administrée pour les besoins du spectacle, mais le traumatisme de l'isolement sera durable et ne disparaîtra pas avec les propos enthousiastes de leur président. Ne soyons pas injustes en criant à la récupération c'est aussi le rôle d'un chef d'État que d'être présent dans la difficulté.
Il y a dans l'événement plus que la joie du retour à la surface et que l'immédiateté du nombre de caméras. Pendant deux longs mois, l'intelligence technique et l'intelligence du coeur se sont mobilisées dans le monde entier pour réussir la jonction des entrailles de la terre et de la lumière du ciel.
Plus qu'un coup ponctuel, le spectaculaire sauvetage atteste de notre capacité à valoriser nos compétences et nos savoir-faire en sciences techniques et en sciences humaines pour nous redonner des raisons d'espérer dans l'humanité. La sécurité dans les mines du Chili n'en sera sans doute pas améliorée, mais il y a derrière cette fin heureuse tout le talent des hommes à produire du positif quand il s'agit de travailler au progrès de l'humanité.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire