TOUT EST DIT

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mardi 21 septembre 2010

Nicolas Sarkozy relance le projet de taxe sur les transactions financières

A l'occasion du sommet de l'ONU, le président français a également promis une hausse de 20% de la contribution de Paris au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme .
«Pourquoi attendre?» A l'occasion du sommet sur les objectifs du Millénaire pour le développement qui s'est ouvert hier aux Nations Unies, Nicolas Sarkozy a plaidé hier pour une relance du projet de taxe sur les transactions financières en vue de renforcer la lutte contre la pauvreté. Sans préciser le mécanisme de ces «financements innovants» pour le développement, il s'est engagé à promouvoir dans le cadre de la présidence française du G20 et du G8 l'idée d'une taxe sur les transactions financières défendue par Bernard Kouchner (initialement fixée à 0,005%). Outre le maintien à 10 milliards d'euros du niveau de l'aide publique au développement de la France en 2011, ce qui en fait le deuxième contributeur mondial en valeur absolue, il a également promis une hausse de 20% sur 3 ans de la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (300 millions d'euros en 2009).

«Nous n'allons pas prendre prétexte de la crise pour faire moins (…) Non seulement nous ne voulons pas réduire, non seulement nous ne voulons pas stabiliser, mais nous allons augmenter de 20%», a insisté le Président français en rappelant que si chaque Etat suivait l'exemple de la France, 4 millions de malades du Sida pourront être pris en charge par le Fonds dont Paris est déjà le deuxième contributeur après les Etats-Unis. Sur les objectifs du sommet de Copenhague de décembre 2009 (30 milliards de dollars par an sur le Fast Start et 100 milliards pour le développement), le Président français a estimé qu'ils ne pourront être tenus sans une avancée en matière de «financements innovants». «En tant que futur Président du G20 et du G8, nous nous battrons pour développer cette idée : elle est essentielle et c'est notre crédibilité qui est en jeu».

« Au nom de quoi nous ne demanderions pas à la finance de participer à la stabilisation du monde en prélevant sur chaque échange financier une taxation infime ?», a insisté Nicolas Sarkozy en rappelant que Paris a déjà joué un rôle pionnier pour trouver des modes de financements innovants tels que la taxe sur les billets d'avion. De son côté, le Directeur-général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, n'a pas caché que les objectifs du Millénaire pour 2015 risquent de ne pas être atteints sans une politique volontariste de relance de la croissance mondiale. A cinq ans de la date butoir fixée pour les 8 objectifs anti-pauvreté de 2000, les résultats sont pour le moins mitigés de l'aveu même du dernier Rapport 2010 des Nations Unies sur leur évaluation. Un seul est aujourd'hui en bonne voie : la réduction de moitié, entre 1990 et 2015, de la proportion de la population vivant avec moins de un dollar par jour. Si le taux de pauvreté global dans les régions en développement a reculé de 46% en 1990 à 27% en 2005, c'est en grande partie en raison de l'accélération de la croissance en Inde et en Chine. Malgré cette tendance, quelque 920 millions de personnes continueront de vivre en 2015 en dessous du seuil international de pauvreté fixé par la Banque Mondiale à 1,25 dollar par jour.

En outre, selon l'économiste de Columbia, Jeffrey Sachs, les grands pays donateurs (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Canada…) n'ont rempli qu'à moitié leur promesse d'augmenter de 30 milliards de dollars l'aide à l'Afrique. Malgré l'impact sévère de la récession sur le déficit fédéral américain, le Directeur de l'agence des Etats-Unis pour le développement international, Rajiv Shah, a indiqué que Barack Obama a confirmé sa promesse de doubler le niveau de l'aide américaine au développement de 25 à 52 milliards de dollars en 2015. Mais pour Jeffrey Sachs, ces 0,2% du PIB américain font encore bien pâle figure par rapport aux 750 milliards de dollars du budget américain de la défense (5% du PIB). Le projet de taxe sur les transactions financières pourrait permettre de combler une partie du retard, mais il se heurte encore aux réticences de nombreux Etats en période de récession.
PIERRE DE GASQUET, BUREAU DE NEW-YORK

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