Le secrétaire général de FO plaide pour une suite rapide à la mobilisation de jeudi, estimant que seul un vrai rapport de forces peut faire reculer Nicolas Sarkozy sur un projet dont il fait un marqueur politique et un élément du plan d'austérité.
Quel objectif fixez-vous aux mobilisations de demain ?
Il faut faire au moins aussi bien que le 7 septembre. Les remontées du terrain sont positives. Le vote de la réforme par les députés n'a pas découragé les salariés, loin de là, et la mobilisation devrait être forte.
Mais même en cas de succès, le problème reste le même pour les syndicats : le calendrier se resserre et l'usure guette…
Si le 23 est réussi, il faudra organiser une suite rapidement, et surtout s'interroger sur les modalités d'actions. C'est simple : soit on continue à mettre l'accent sur les manifestations, soit on le met sur les arrêts de travail. Si le gouvernement reste inflexible, il faudra bien que l'intersyndicale se penche sérieusement sur la deuxième option. Les manifestations saute-mouton sont vouées à s'essouffler, on le sait tous ! C'est précisément ce qui s'était passé en 2009 et nous ne sommes pas dans le cas de figure du CPE en 2006, où les étudiants et les lycéens pouvaient se remobiliser très vite. Les salariés et les syndicats ne doivent pas s'y tromper : seul un vrai rapport de forces peut faire reculer Nicolas Sarkozy sur un projet dont il fait un marqueur politique et un élément du plan d'austérité. J'ai toujours dit qu'avoir un président qui gouverne créerait des situations de surenchères en supprimant le rôle de fusible et de tampon du Premier ministre. On est désormais en plein dedans.
Certains, comme la CFDT et l'Unsa, sont plutôt favorables à une mobilisation en week-end…
Ce n'est pas la tasse de thé de FO. Je doute de l'efficacité de cette approche, à mi-chemin entre l'ac-tion syndicale et l'action citoyenne.
Vous défendez une grande grève mais lundi, Bernard Thibault a dénoncé vos « appels incantatoires » à la grève… Doutez-vous de sa volonté de lutter jusqu'au bout ?
Je ne veux pas tomber dans le piège de la polémique. Les syndicats seront amenés à tirer entre eux le bilan à la fin du conflit mais l'heure est à l'unité d'action. Pour qu'une grève ait une chance de fonctionner, il faut que toutes les organisations syndicales y appellent. Que fera la CGT ? C'est à elle qu'il faut le demander ! De toute façon, c'est le terrain qui décidera, comme toujours. On y verra déjà beaucoup plus clair jeudi soir et les jours suivants sur la dynamique réelle du mouvement. Et il faut arrêter de caricaturer la position de FO : nous n'avons jamais appelé à la grève générale. Nous défendons une grande journée de grève nationale, plus à même de peser selon nous, et après, le terrain décidera d'éventuels mouvements reconductibles.
Voir FO en chantre de l'unité intersyndicale étonne…
L'unité d'action est indispensable mais elle ne veut pas dire unicité syndicale ni syndicat unique, comme d'aucuns le souhai-teraient. FO est dans l'unité d'action tout en affirmant ses spé-cificités et ses revendications.
Mais en étant la seule, avec Solidaires, à appeler au retrait du projet, FO ne s'est-elle pas isolée, à l'ombre du duo CFDT-CGT ?
La position de FO est claire, connue depuis longtemps et mobilisatrice. Il faut une réforme des retraites mais pas celle-là. Nous avons fait des propositions en matière de financement qui ont le mérite d'assurer l'équilibre financier pour toutes les générations. Chaque organisation salariale est libre de ses positions et positionnement, y compris quand un duo se forme pour les raisons qui ont à voir avec la réforme de la représentativité syndicale. FO est là et bien là, et le sera encore pour longtemps.
Au-delà des discours, on sent les syndicats sceptiques sur l'issue du conflit. Peut-on vraiment aller vers une crise sociale d'ampleur ?
La situation est très particulière. Je ne sais pas ce qu'il se passera ou non ces prochaines semaines mais je sais qu'absolument tout peut arriver tant le pays est marqué par les inégalités. On ne sent pas encore de radicalisation mais on ne peut absolument pas l'exclure. Les salariés ont parfaitement compris qu'on leur fait payer les conséquences de la crise financière et ne l'acceptent pas. Ils constatent aussi que les grandes promesses de changement de modèle face à la crise ont fait long feu. Nicolas Sarkozy reste figé sur la même logique comptable, obsédé par la note de la France sur les marchés boursiers. Aujourd'hui, le gouvernement veut réduire les dépenses sociales au nom du maintien d'une politique économique qui en France et ailleurs a conduit à la crise. Et de nouvelles inégalités se profilent avec les mesures annoncées sur l'assurance-maladie et la réforme à venir de la dépendance, que le gouvernement va tenter de faire basculer sur l'assurance privée. Sans oublier la dégradation continue des services publics.
mercredi 22 septembre 2010
Jean-Claude Mailly : «On ne peut exclure une radicalisation du conflit»
JE M'ESBAUDIS DE L'INDIGENCE DU RAISONNEMENT DE Mr MAILLY, SA RÉFLEXION EST FAUSSÉE PAR SON APPARTENANCE POLITIQUE.
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