Il n'y avait guère de doute mais, d'une certaine façon, tout est plus simple à présent. La revendication de l'enlèvement des sept otages d'Areva, dont cinq Français, au Niger par al-Qaïda Maghreb (voir en page 5) lève un coin du rideau de sable qui, depuis son commencement, drape l'affaire d'Arlit dans les plis du mystère. L'officialisation de ce qui n'était jusque-là qu'une hypothèse probable crédibilise la thèse d'une menace terroriste pesant sur la France. Investi par les événements d'une mission qui l'élève au-dessus des vicissitudes intérieures, l'Élysée a les mains libres pour agir.
Les revendications de l'opposition demandant plus de transparence au gouvernement dans la gestion des opérations au Sahel perdent, mécaniquement, de leur force. Dans l'opinion, une idée simple va s'imposer naturellement : quand la sécurité du pays est en jeu, le pouvoir n'a plus autant de comptes à rendre sur toutes ses initiatives militaires. Demain, la confidentialité des informations apparaîtra naturelle quand hier elle semblait suspecte.
Même l'étrange stratégie de communication du gouvernement depuis une semaine pourrait être gommée par l'accélération du scénario. Personne n'a compris pourquoi le gouvernement avait lui-même révélé la probabilité d'actes terroristes visant la France sans pour autant modifier les dispositifs de sécurité visibles à Paris et dans les grandes villes. Pourquoi créer les conditions d'une psychose collective à coup de déclarations anxiogènes du ministre de l'intérieur sans les accompagner par des mesures proportionnées au danger ? Jusqu'à hier soir le décalage était si grand que les Français, et pas seulement l'opposition, commençaient à s'interroger sur la réalité d'un risque terroriste.
Au cours des douze dernières heures, nous avons basculé d'une nouvelle polémique à un vrai débat : celui du contrôle politique d'une éventuelle intervention militaire en Afrique. L'assassinat de Michel Germaneau, annoncé en juillet dernier, après une tentative de libération par les forces mauritaniennes, pose la question de la pertinence d'une option musclée. Cette interrogation soulève, en effet, des inquiétudes sur les conséquences d'un échec et la possibilité de représailles sous une forme terroriste.
Le Premier ministre veut manifestement mettre un terme au flou, voire à la légèreté, qui a caractérisé les annonces d'un Brice Hortefeux à la fois inhabituellement bavard et spectaculairement ambigu. La représentation nationale, et pas seulement ses élus de l'opposition, n'est pas rassurée par ce comportement bien peu académique en de telles circonstances. Si la discrétion de l'exécutif en situation de crise est évidemment de mise, un minimum de clarté démocratique s'avère tout aussi indispensable.
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