TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 1 novembre 2009

Tant de questions sur l'au-delà

Les Quarante Chroniques de l’au-delà qui composent Bis sont autant d’hypothèses sur ce qu’il y a après la mort.
Sur Dieu, l’éventail est ouvert: il est ici masculin, là féminin; il peut ignorer l’existence de l’homme parce qu’il a la taille d’une galaxie, ou bien celle d’un microbe; aimer l’humanité, ou la détester; rassembler autour de lui un véritable panthéon ou bien, fatigué de son rôle, démissionner. Qu’en est-il du paradis et de l’enfer? Il n’est pas toujours facile d’orienter les humains vers l’un ou l’autre: pour les victimes d’une guerre, quels sont le camp du bien et celui du mal? Mais surtout, qu’est-ce que le paradis? L’heureux élu aura-t-il à passer l’éternité avec plusieurs représentations de lui-même, à différents âges de sa vie? Ou exclusivement avec ceux qu’il a croisés pendant son existence? Devra-t-il revivre son passé à rebours, ou bien avec une redistribution temporelle des événements assemblant ce qui se ressemble, ce qui lui ferait passer successivement trente ans à dormir, sept mois à faire l’amour, deux mois à chercher une place de stationnement…?

On en vient à se demander si de tels paradis ne sont pas en réalité l’enfer. Peut-on au moins espérer être au clair avec la mort? Ce n’est pas sûr. C’est que la mort se déroule en trois étapes: quand le corps cesse de fonctionner, quand il est enterré et quand on prononce votre nom pour la dernière fois. Et les informaticiens inventeront peut-être un jour une touche "Trépas" qui permettra au défunt de se manifester par des messages préprogrammés envoyés périodiquement après sa mort. On finit par s’en convaincre: la vie est préférable à tous ces "au-delà". Chaque chronique est concise, troublante et drôle aussi. Chacune contraint à la réflexion: sur la condition humaine, sur l’évolution de la personnalité tout au long de la vie, sur la destinée, sur le bien et le mal. Le jeune Américain David Eagleman est spécialiste de neurosciences. Il écrit, nous dit-on, la nuit… Son petit livre est très brillant.

La Nef des fous, c’est un immense vaisseau peuplé de milliers d’humains qui erre dans l’espace depuis des siècles à la recherche de la Terre promise, coupé de tout par une épidémie qui l’a privé d’une partie de sa population et de ses archives. Il reçoit un signal radio qui le guide vers une planète habitable. Son équipe d’exploration n’y trouve pas âme qui vive. La population a été victime d’un effroyable génocide. Une question hante rapidement l’équipage: les coupables, des extraterrestres sans doute, n’auraient-ils pas attiré le vaisseau dans un piège mortel? Horreur et peur se conjuguent pour mettre en cause l’ordre établi dans ce monde clos, pour bousculer le fragile équilibre entre pouvoir politique et responsables religieux. Richard Paul Russo a le sens du suspense: on s’interroge jusqu’au bout sur le mystère du massacre, et aussi sur l’évolution des relations entre les personnages, complexes et attachants, qui sont confrontés à cette situation de crise.

Bis, de David Eagleman, Nil, 166 p., 16 euros. La Nef des Fous, de Richard Paul Russo, Pocket SF Le Bélial, 475 p., 22 euros.

0 commentaires: