TOUT EST DIT

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dimanche 1 novembre 2009

Qui a peur de l'identité nationale ?

EDITO - «Alors que l'immigration a profondément changé la physionomie de la France, que la mondialisation est un fait, s'interroger sur l'identité nationale n'est pas saugrenu». Par Paul-Henri du Limbert.

Demandez à un homme de gauche de vous parler des valeurs de la République, il sera intarissable et souvent émouvant. Dites-lui que tout cela forme l'identité d'un peuple, il commencera à vous regarder de travers. Et ajoutez que cette « identité nationale » est la grandeur de la France, il vous tournera le dos.

Nicolas Sarkozy connaît par cœur la gauche française, ses tabous et ses contradictions. Et c'est bien pourquoi il lance aujourd'hui, par l'intermédiaire d'un ancien responsable PS, Éric Besson, ce grand débat sur l'identité nationale. Le PS n'a que des coups à prendre.

Pourtant, s'ils n'avaient pas peur de leur ombre, les socialistes pourraient se saisir de ce débat d'une façon volontariste et en profiter pour remettre leurs idées au clair. Au lieu de dire, comme Vincent Peillon, que la burqa «ne menace pas» l'identité du pays alors que chacun est persuadé du contraire, ils pourraient s'interroger sur les dérives du communautarisme, qui jour après jour ronge la chère «République une et indivisible». Il est arrivé souvent à Jean-Pierre Chevènement de tempêter contre cette gauche oublieuse de son histoire et de son corps de doctrine, mais ce fut en vain. Il y a vingt-cinq ans, alors ministre de l'Éducation, il avait suggéré que l'on chante La Marseillaise à l'école. Ses camarades d'alors lui avaient conseillé de calmer ses ardeurs républicaines.

Un quart de siècle plus tard, alors que l'immigration a profondément changé la physionomie de la France, que la mondialisation est un fait, s'interroger sur l'identité nationale n'est pas saugrenu. C'est, par exemple, ce qui anime le maire PCF de Vénissieux, André Gerin, quand il lance le débat sur l'interdiction de la burqa. Il explique fréquemment que dans sa commune on parle et pratique toutes les langues et toutes les religions du monde, et que si on ne définit pas quelques valeurs communes, on court à la catastrophe. On connaît beaucoup de maires socialistes, de petites ou de grandes villes, qui en privé disent la même chose mais se taisent en public « pour ne pas faire le jeu du Front national ». Cette politique de l'autruche leur a valu le cuisant 21 avril 2002 et la défiance de la classe ouvrière.

À cinq mois des régionales, il y a bien sûr dans le lancement de ce débat une part de tactique. Quand Mitterrand, avant chaque élection, évoquait le droit de vote pour les immigrés dans le but de favoriser le vote FN et d'affaiblir la droite, on criait au génie politique. Nicolas Sarkozy n'est pas obligé d'être moins habile que son prédécesseur.

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