jeudi 28 février 2013
Une droite en chantier
Une droite en chantier
Neuf mois après la victoire, la gauche peine à s'adapter à une réalité qu'elle a sous-estimée. La droite est aussi peu convaincante dans sa manière de s'opposer et de proposer. François Fillon vise déjà 2017, signe qu'il mesure la longueur du chemin à parcourir.
Autant la question du leadership ne se pose plus, pour l'instant, à gauche, autant elle dévore les énergies de la droite. Jean-François Copé estime que la présidence de l'UMP demeure le meilleur tremplin pour 2017. Considérant la place incertaine, François Fillon préfère s'émanciper du parti et tenir ses rivaux en respect, Nathalie Kosciusko-Morizet, par exemple. Nicolas Sarkozy, mi-amusé mi-agacé, parie que ces rivalités jouent en sa faveur...
Autant le PS d'Harlem Désir n'est pas un modèle de créativité, autant l'UMP est un instrument financièrement affaibli et trop recroquevillé sur la com'. En créant son club « Force républicaine », le pendant de « Génération France » de Jean-François Copé, l'ancien Premier ministre confirme que son parti est débranché de la société.
Autant la majorité peine à mettre sa politique en perspective, autant l'opposition ne parvient pas à capitaliser au-delà de la critique bruyante des mardis après-midi à l'Assemblée.
Pour une raison simple : même déçus par la gauche, les Français comprennent mal pourquoi la droite n'a pas mis en oeuvre, hier, les panacées qu'elle propose aujourd'hui. Ils voient bien que l'opposition doit d'abord analyser les raisons, de forme et de fond, qui lui ont fait perdre toutes les élections depuis cinq ans.
Trois ans pour reconstruire
Sans cette clarification, pas facile de suspecter la gauche de vouloir fiscaliser les allocations familiales alors que Bruno Le Maire l'avait inscrit dans le projet de Nicolas Sarkozy. Pas simple de reprocher à Vincent Peillon de vouloir raccourcir les vacances d'été lorsque Nathalie Kosciusko-Morizet en fait une urgence. Peu convaincant d'employer le chômage comme argument politique quand l'économie supprimait déjà mille emplois par jour sous Sarkozy, en dépit d'un recours maximum aux emplois aidés. Peu probant de stigmatiser les hausses d'impôts quand on les a aussi augmentés dans des proportions voisines.
Autant la majorité peine à expliquer sa cohérence, autant la droite aura du mal à combattre la nouvelle réforme des retraites, dont le coup d'envoi a été donné hier par Jean-Marc Ayrault, qu'elle appelle de ses voeux. À part ironiser sur une gauche qui se renie, l'opposition ne pourra pas nier les limites de sa loi de 2010. Même sur le mariage gay, on l'imagine mal défaire ¯ jusqu'à « démarier » des couples ? ¯ un texte bientôt voté.
Autant la majorité est affaiblie par ses faux amis de gauche, autant l'opposition est piégée par ses vrais concurrents de droite. Hostile aux tentatives de transgresser l'ordre républicain, François Fillon imagine mal un rapprochement allant d'un centre en reconstruction à une extrême droite soudain respectable. Même si la base de l'UMP n'exclut pas ces alliances, les municipales ne seront pas une revanche facile.
Que l'on considère les hommes, le parti, le projet ou la stratégie, l'opposition est un vaste chantier. Elle a trois ans pour se reconstruire. C'est loin, la présidentielle, et on y est déjà un peu.
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