TOUT EST DIT

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jeudi 28 février 2013

Dégâts tous azimuts

Dégâts tous azimuts


L’Eurogroupe s’inquiète. Les marchés s’affolent. Bruxelles et Berlin croient devoir donner des « conseils » aux Italiens en frisant l’admonestation… Certes, les craintes pour la stabilité de la zone euro méritent compréhension. Néanmoins, en acceptant le verdict des urnes tombé en toute démocratie. Le peuple est souverain. Sa voix doit étouffer le vacarme de la Finance et faire taire ceux qui avaient encensé le technocrate Mario Monti, ex-commissaire européen, ex- Goldmann-Sachs, et non élu, pour imposer la politique des tabous monétaristes à la Francfort.
Voilà pourquoi il vaut mieux tirer les leçons de ces élections italiennes. La première est sans équivoque : c’est non à l’Europe sans âme telle qu’elle existe, non à l’ossature de l’euro telle que constamment renforcée. Cette double négation est exprimée à plus de 55 % par celles et ceux qui ont voté pour le parti protestataire de Beppe Grillo et le PDL de Berlusconi. Sans doute sous l’emprise d’une démagogie effrénée mais aussi parce que l’austérité programmée ruine. Elle prend en otages les jeunes générations, sans travail et sans avenir. Autant que les immenses dettes publiques, et pas seulement en Italie. Or, même si lutter contre les dettes et les déficits reste prioritaire, ce combat ne peut s’inscrire en seul credo de l’Euroland, quitte à interdire toute croissance. Qu’on le comprenne enfin !
Une autre leçon, d’ailleurs, à méditer partout en Europe, porte sur la défiance envers la classe politique italienne. Sa pléthore d’élus est la mieux payée au monde, ses privilèges sont énormes, jusqu’à vouloir se maintenir par des lois électorales absurdes, encore peaufinées sous l’ère Berlusconi.
Dans sa première réaction hier, le chef du Parti Démocrate Pier Luigi Bersani a promis la moralisation de la vie publique exigée par les protestataires, également pour s’attirer les bonnes grâces de leurs députés et sénateurs. Bersani veut aussi une autre politique de l’euro, sans toutefois apporter de précisions…
Oui, mais prendra-t-il la tête du Conseil italien ? Avec quelle majorité au Sénat ? Une proposition de coalition faite par Berlusconi et son PDL pose problème à l’Europe ainsi qu’aux ailes de gauche et écologistes du Parti Démocrate, en fait une confédération. Et l’appel lancé par le centre gauche à Beppe Grillo se heurte, pour l’instant, à son « no ». Toutefois, n’oublions pas que l’Italie cultive à la perfection l’art de la combinazione. Mais, de toute façon, des négociations prendront du temps, trop de temps, peut-être.
En attendant, l’Europe ne peut que constater les dégâts. Qui sont aussi les dégâts de sa politique d’austérité.

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