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lundi 18 mars 2013

Bernard Thibault ou la mue inachevée de la CGT


Arrivé à la tête de la CGT il y a quatorze ans avec une image de dur, Bernard Thibault a donné un tour moins contestataire à la première centrale syndicale française et montré que si elle pouvait s'opposer, elle était aussi capable de négocier.
Mais après quatre mandats, l'ex-cheminot de 54 ans cédera la place cette semaine à Toulouse, au 50e congrès de la CGT, à Thierry Lepaon, ancien chaudronnier adoubé en novembre après une longue crise de succession, sans avoir achevé la mue de son organisation.
En succédant en 1999 à 40 ans à Louis Viannet, qui a eu dit-on du mal à lui faire accepter cette responsabilité, l'ancien leader de la CGT cheminots, figure des grandes grèves de 1995, a donné un coup de jeune à la confédération.
Ce parisien né le 2 janvier 1959 dans une famille modeste originaire du Morvan est alors aussi célèbre pour ses interventions télévisées que pour sa coupe de cheveux en forme de casque, destinée, confie-t-il, à cacher ses oreilles.
En dépit d'un discours ferme, ce fils de bûcheron à la ville de Paris, entré comme apprenti à la SNCF en 1974, s'est efforcé de moderniser une vieille centrale profondément marquée par la culture communiste.
Entré au PCF en 1986, Bernard Thibault a été promu membre du conseil national dix ans plus tard, avant de quitter ce poste en 2001 afin que la CGT puisse prendre ses distances avec un parti en pleine déroute électorale.
C'est aussi lui qui fait adhérer la CGT à la Confédération syndicale internationale, d'inspiration réformiste, créée le 1er novembre 2006.
Même s'il est resté à titre personnel membre du PCF et entretient des liens cordiaux avec le Front de gauche, l'époque où les actions de la CGT étaient décidées au siège du parti est bel et bien révolue.
La décision prise en 2012 d'appeler à voter François Hollande pour faire barrage à Nicolas Sarkozy est une initiative purement cégétiste, dit-on à la CGT.
Une décision que Bernard Thibault semblait cependant presque regretter au début du mois en appelant à la mobilisation contre l'accord du 11 janvier sur la sécurisation de l'emploi.
"Ce n'est pas confortable (...) de passer de 2012, où nous avons contribué à notre manière à un changement de majorité, à devoir moins d'un an après en appeler à la mobilisation parce que les projets du gouvernement sont considérés comme néfastes", expliquait-il.
RESTER UTILE À LA CGT
La CGT doit pourtant aussi à son secrétaire général son retour parmi les syndicats signataires d'accords nationaux interprofessionnels, comme en 2003 sur la formation professionnelle.
Bernard Thibault rappelle régulièrement que le mot compromis n'est plus un tabou à la CGT, qui signe la grande majorité des accords collectifs dans les entreprises.
Le syndicaliste a aussi beaucoup milité pour l'unité d'action avec les autres centrales, avec des bonheurs divers.
Bernard Thibault a ainsi vécu comme un coup de poignard dans le dos la signature, en 2003, par la CFDT, de la réforme Fillon sur les retraites. Ce qui ne l'empêchera pas de faire figure en 2007-2009 d'interlocuteur privilégié d'un président de droite, Nicolas Sarkozy.
L'unité d'action se reformera en 2010 contre la nouvelle réforme des retraites de Nicolas Sarkozy. Mais le dirigeant de la CGT, qui refuse alors d'appeler à la grève générale, sera accusé de mollesse par une partie de ses troupes.
L'image de Bernard Thibault a été également écornée par les rumeurs début 2011 sur sa volonté de quitter son poste plus tôt que prévu. La presse évoquait alors une lassitude liée au conflit sur les retraites, aux bisbilles internes, au recul des adhérents dans certains bastions mais aussi à ses problèmes de dos.
L'affaiblissement du dirigeant syndical s'est manifesté en 2012 lorsqu'il a tenté sans succès d'imposer Nadine Prigent pour lui succéder.
Bernard Thibault est cependant repassé à l'offensive ces derniers mois contre les politiques d'austérité, l'accord sur la sécurisation de l'emploi et pour défendre les réactions de colère des salariés, comme ceux de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord. "On n'est pas dans un monde de Bisounours", disait-il début février au quotidien Le Monde.
Contrairement à son ancien homologue de la CFDT, François Chérèque, qui a rejoint l'inspection générale des affaires sociales, il n'envisage pas de prendre un poste officiel dans la haute administration.
Il entend rester "au service" de la CGT "de manière différente, sans implication dans les organes de direction".
"J'ai plusieurs idées, plusieurs pistes en tête. J'en discuterai avec la direction de la CGT lorsqu'elle sera élue", confiait récemment Bernard Thibault.

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