TOUT EST DIT

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lundi 18 mars 2013

Les nouvelles tentations politiques

Les nouvelles tentations politiques


On ne voit et on n’entend que le premier. Le second se cache mais inspire dans l’ombre le leader, Beppe Grillo. Le Mouvement cinq étoiles vient d’envoyer à la Chambre et au Sénat italiens une cohorte de parfaits inconnus.
Ces nouveaux élus sans aucune expérience sont jeunes et diplômés. Ils sont la troupe soumise et extatique d’un duo constitué d’un bateleur et d’un stratège.

L’homme de l’ombre, Gianroberto Casaleggio, dirige une société de conseil en stratégie digitale. La guerre éclair menée pour sortir ce parti du néant et jouer les arbitres de la classe politique en moins de dix ans doit tout à la science du marketing viral de cet homme d’entreprise qui se prend aussi pour un penseur. La magie du Web permettra selon lui d’enfanter une nouvelle démocratie, parfaite cette fois, et directe bien sûr.

Celui qui croit à la « transparence » totale grâce au Web, à la « vérité » que la Toile seule permet puisque tout y est « vérifiable », à la fusion dans une grande « communauté » grâce à la mise en réseau du Net, prend des libertés avec ces valeurs proclamées. Il s’exonère du devoir de transparence en se rendant très discret, sur sa personne mais aussi ses activités. Il s’épargne même les contraintes de la démocratie en dissuadant toute insoumission et en décourageant la critique.

Le phénomène est aussi intéressant qu’inquiétant. Il pourrait ne pas se limiter à l’Italie, qui enregistre de façon exacerbée les mêmes tensions que le reste de l’Europe. Nos sociétés en panne voient se creuser chaque jour un fossé entre élites dirigeantes et une population en attente de solutions, qui ne viennent pas. L’impuissance politique ouvre la voie à des tentations.

Elles étaient avant la dernière guerre, martiales et radicales, avec nazisme et stalinisme. Elles sont aujourd’hui plus douces et plus molles, et plus insidieuses. Elles promettent une démocratie totale parce que servie par l’accès de tous au savoir et à la décision sur Internet. Elles font miroiter aux yeux d’une jeunesse rejetée dans le chômage et la précarité l’avènement d’un monde où tout ce qui est jeune vaincra et tout ce qui est vieux disparaîtra.

Ces tentations ont la séduction de la modernité et de la fluidité techniques. Elles
divisent le monde entre une avantgarde connectée et une arrière-garde égarée. Elles promettent un monde sans travail et sans effort, sans initiation et sans réflexion, dans lequel les machines pourvoiront à tout. Il ne restera plus alors qu’à se connecter, jouer et consommer. Ces deux produits du baby-boom, Beppe et Gianroberto, avec leur look branché et leur discours décalé, entretiennent avec la jeunesse un faux rapport d’identité. Comme d’autres tribuns hier se voulaient plus prolétaires que les ouvriers et plus nationalistes que les patriotes.

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