TOUT EST DIT

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samedi 22 octobre 2011

La décote, pilule amère pour les banques créancière de la Grèce

Les banques créancières de la Grèce doivent se préparer à des pertes beaucoup plus importantes que prévu, d'au moins 50 %, pour espérer sauver de la faillite le pays qui dans l'immédiat a obtenu vendredi la promesse d'un prêt international crucial après l'adoption de mesures d'austérité draconiennes. Jean-Claude Juncker, le chef de file des ministres des finances de la zone euro, a prévenu, samedi : "Nous nous sommes mis d'accord hier [vendredi] pour dire que nous devions avoir une augmentation substantielle de la contribution des banques" au sauvetage de la Grèce, sous forme d'une dépréciation de leurs créances, a-t-il déclaré à la presse.

"Il est assez clair que nous avons besoin d'une décote substantielle sur la dette grecque", a repris, samedi, le ministre suédois des finances, Anders Borg, à son arrivée à Bruxelles à une réunion avec ses homologues de l'Union européenne. Une "décote" est le terme financier employé à propos de la dépréciation de la valeur des prêts contractés par des créanciers, dans ce cas les banques privées et fonds d'investissements qui détiennent de la dette publique grecque.

DÉCOTE D'AU MOINS 50 %

Le ministre suédois a toutefois appelé à la prudence en soulignant qu'il fallait bien préparer le secteur bancaire à encaisser le choc en s'assurant qu'il serait recapitalisé et disposerait ainsi des amortisseurs nécessaires. "Je pense qu'il nous faut résoudre cela en prenant les éléments l'un après l'autre" et en s'assurant que l'on dispose "d'un système crédible" pour y faire face, a jugé M. Borg. Selon des sources diplomatiques, les ministres des finances de la zone euro se sont mis d'accord vendredi soir à Bruxelles, lors d'une réunion, pour négocier avec les banques une décote d'"au moins 50 %". Ils ont ainsi entériné de facto les conclusions d'un rapport d'experts qui leur a été remis par la troïka des bailleurs des fonds de la Grèce (Europe et FMI). Le document estime qu'il faut une décote de 50 ou 60 % pour espérer stabiliser la Grèce sans avoir à augmenter dans des proportions gigantesques le montant des prêts internationaux qui lui ont déjà été promis. En contrepartie, il est prévu de recapitaliser les banques européennes à hauteur de près de 100 milliards d'euros.

Mais le ministre suédois a prévenu que tout soutien public à ces recapitalisations devait passer par des prises de contrôle par les Etats. "Je pense qu'il ne faut pas considérer que l'argent des contribuables est à disposition pour les banques, donc toute recapitalisation doit être suivie par une prise de contrôle et de propriété", a-t-il dit aux journalistes. Sinon les banques doivent prendre leurs "responsabilités" et se recapitaliser elles-mêmes.

les banques françaises prévenues par l'AMF

L'Autorité française des marchés financiers recommande aux banques françaises de prendre une perte accrue sur leur obligations d'Etat grecques, rapporte le Financial Times. Dans une lettre adressée aux banques, l'AMF leur recommande de revoir leur décision de valoriser la dette grecque au niveau prévu par le plan de sauvetage du pays adopté fin juillet. Le plan a fixé à 21 % le niveau de décote devant être accepté par les porteurs d'obligations. Ce chiffre de 21 % a été utilisé par les banque françaises comme référence pour leurs résultats du premier semestre, alors que les banques allemandes et britanniques ont affiché des pertes proches de 50 %, souligne le quotidien britannique. Dans sa lettre, l'AMF souligne que la décote originelle est désormais considérée comme insuffisante. L'Allemagne souhaite qu'une décote de 50 % soit appliquée.

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