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samedi 22 octobre 2011

Grèce : les banques créancières se préparent à de lourdes pertes

Les banques créancières de la Grèce vont devoir se préparer à des pertes beaucoup plus importantes que prévu, d'au moins 50%, pour espérer sauver de la faillite le pays qui dans l'immédiat a obtenu vendredi la promesse d'un prêt international crucial après l'adoption de mesures d'austérité draconiennes.
Réunis à Bruxelles pour préparer le premier sommet européen de dimanche, les ministres des Finances des 17 pays de l'Union monétaire ont d'abord donné leur accord pour débloquer la sixième tranche du prêt pour la Grèce - 8 milliards d'euros - tiré du premier plan de sauvetage au pays décidé au printemps 2010. Ce plan s'élève à 110 milliards d'euros au total.
L'enveloppe est co-financée par les Européens, à hauteur de 5,8 milliards d'euros, et le Fonds monétaire international (FMI) qui doit encore donner son aval. Ce versement, resté pendant longtemps en suspens, est prévu dans la première quinzaine de novembre et permettra à Athènes de ne pas se retrouver en cessation de paiement dans l'immédiat.
L'institution de Washington devrait rendre un avis positif début novembre. Sa directrice, la Française Christine Lagarde, va faire une recommandation en ce sens, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Il ne s'agit toutefois que d'une avancée minime compte tenu de l'ampleur des difficultés de la Grèce.
Les pays de la zone euro planchent en parallèle sur un chantier beaucoup plus vaste: une participation nettement plus importante que prévu des banques dans le cadre du second plan d'aide à la Grèce, décidé dans son principe en juillet et portant sur des prêts publics de 109 milliards d'euros.
Selon un rapport de la troïka des créanciers de la Grèce (UE, FMI et BCE) remis aux ministres, dont l'AFP a obtenu copie, il faudra que les banques acceptent une dépréciation (décote) de 60% de leur créances si l'on veut que le montant de 109 milliards d'euros reste inchangé.
Avec une décote à 50%, le FMI et les Européens et le FMI devront augmenter leurs financements à 114 milliards d'euros, selon les calculs du rapport.

Et selon une source diplomatique, les ministres des Finances ont de facto entériné les conclusions. "Au moins 50% sont nécessaires" pour la décote, a-t-elle souligné. C'est sur cette base que se tiennent désormais les négociations avec les représentants du secteur bancaire, censées aboutir au plus tard lors d'un sommet décisif de la zone euro le 26 octobre.
Reste à savoir si les banques accepteront volontairement de subir ces nouvelles pertes de grande ampleur. En juillet, leur "effort" avait été fixé à seulement 21%.
En échange, les ministres des Finances vont plancher samedi sur un plan de recapitalisation du secteur pour lui permettre d'amortir le choc. L'Europe évalue les besoins à entre 80 et 100 milliards d'euros, un chiffre moins important toutefois que celui avancé par le FMI qui est le double.
Les discussions s'annoncent ardues dans les prochains jours pour empêcher la contagion de la crise de la dette car de profondes divergences entre Paris et Berlin persistent sur le moyen d'y parvenir.
"Nous ne donnons pas vraiment l'exemple éclatant d'un leadership qui fonctionne bien", a déploré à Bruxelles le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, en parlant d'image "désastreuse" à l'étranger.
La Chine a exhorté vendredi l'UE à une "réforme fondamentale" des finances de ses pays. Et le président américain Barack Obama continue à surveiller la situation de près.
La France et l'Allemagne sont en effet engagées depuis plusieurs jours dans un bras de fer sur le meilleur moyen de renforcer la force de frappe du Fonds européen de stabilité financière (FESF), un instrument essentiel pour espérer empêcher une contagion de la crise de la dette à des pays comme l'Espagne et l'Italie.
Paris insiste pour transformer le Fonds en banque pour qu'il s'approvisionne auprès du guichet de la Banque centrale européenne (BCE), tandis que Berlin refuse cette option qui irait à ses yeux à l'encontre des traités européens.

Le ministre français des Finances, François Baroin, a montré des signes d'ouverture à la fin des discussions vendredi soir. La proposition soutenue par la France est "la solution la plus efficace", selon lui, mais Paris "n'en fait pas un point d'affrontement définitif".
De son côté, sa collègue autrichienne Maria Fekter a indiqué qu'il n'y avait plus que deux options sur la table pour donner plus de poids au FESF. Et une source diplomatique a indiqué qu'aucune n'impliquait la BCE.
La solution qui a la préférence de Berlin serait de permettre au FESF de garantir une part des titres de dette émis par les pays fragiles, afin d'inciter les autres investisseurs à en acheter.
Une nouvelle réunion aux allures de mini-sommet entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel est prévue samedi soir à Bruxelles, en préambule au rendez-vous de dimanche. M. Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso y participeront aussi. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, et Mme Lagarde pourraient aussi être de la partie, selon une source européenne.

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