samedi 22 octobre 2011
Un automne décisif
Encore une fois, la barre est placée très haut. "Notre destin se joue dans les dix jours", assurait Nicolas Sarkozy cette semaine à l'approche du sommet des dirigeants de la zone euro ce dimanche 23 octobre.
Mais de quel destin parle-t-on ? Depuis février 2010, les Dix-Sept de l'euro enchaînent les "sommets décisifs", souvent dans l'urgence et la difficulté à s'accorder sur les montants et les modalités de l'aide à la Grèce et aux autres pays fragilisés. A chaque fois, les politiques et la plupart des commentateurs se félicitent du pas en avant réalisé dans la douleur – promesses de prêts à la Grèce, aide directe, création puis renforcement du Fonds de stabilisation financière, harmonisation des politiques budgétaires, etc… Et à chaque fois, après quelques jours ou quelques semaines, tout est à refaire, car la Grèce s'enfonce dans la crise, un autre pays demande de l'aide ou les agences de notation baissent la note de quelques autres. Les marchés redeviennent "nerveux", c'est-à-dire qu'en misant sur la dégradation de la situation, ils réussissent à la rendre plus grave. Et pendant ce temps, les plans d'austérité se multiplient et alimentent rancoeur sociale et euroscepticisme.
A quelques jours du G20, où les Etats-Unis et la Chine comptent bien signifier à l'Europe que si elle n’est pas capable de remettre de l'ordre dans ses finances, la superpuissance empêtrée et la nouvelle puissance triomphante se chargeront le faire, notre destin passe en effet par une solution à la crise de la dette.
Mais la zone euro est-elle l'UE ? La monnaie unique englobe-t-elle l'ensemble du projet européen ? Lier l'avenir de l'ensemble de la construction européenne à celui de l'édifice monétaire n'est-il pas le meilleur moyen de le mettre en péril ? Sans réponse définitive à ces questions contradictoires, les dirigeants européens en sont réduits à tenter de rassurer et calmer les marchés, tout en mettant en garde que c'est la vie de l'UE qui est en jeu. Une attitude malheureusement tout aussi incohérente que conforme à la réalité, qui explique pourquoi, depuis un an et demi, nous glissons imperceptiblement vers le moment où, effectivement, il faudra décider de ce que nous voulons faire de l'Union.
Le sommet du 23 octobre est donc décisif. Mais déjà, Berlin en annonce un autre pour le 26. Jusqu'ici, tout va bien…
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