Anni Podimata : “La Grèce a besoin de la confiance de ses partenaires européens” | euronews, i talk
Comment résoudre le problème de la Grèce ? Sommes-nous sur le point d’assister au dénouement épouvantable d’une tragédie grecque ô combien contemporaine ? La Grèce est-elle un bouc émissaire ? L’extrêmité d’un iceberg qui ferait sombrer l’Europe tel un Titanic financier ? Les métaphores sont plus faciles à trouver que les solutions, ces temps-ci.
Pour répondre à vos questions, Alex Taylor reçoit la vice-présidente grecque du Parlement européen, Anni Podimata.
Une question de Patrick, téléspectateur en Belgique : “La Grèce a des problèmes en ce moment. On parle qu’elle pourrait vivre sans l’Europe. Pensez-vous réellement que la Grèce pourrait la quitter ?”
Alex Taylor, euronews :
“On parle de plus en plus d’un référendum en Grèce, Anni Podimata. Aujourd’hui, les Grecs diraient “oui” ou “non” à l’Europe ?”
Anni Podimata, vice-présidente grecque du Parlement européen :
“S’il y avait un référendum en Grèce, il ne fait aucun doute que les Grecs voteraient en faveur de l’Europe. Les Grecs sont parfaitement conscients des tenants et aboutissants de cette crise actuelle, mais ils ne remettent pas en cause le caractère irréversible de leur appartenance au noyau dur de l’Europe et à la zone euro.”
Alex Taylor :
“Mais il y a beaucoup de manifestations et il faut s’attendre à une rigueur encore plus forte. Ne serait-ce pas plus facile de sortir de la zone euro ?”
Anni Podimata :
“La situation n’est pas simple. La tâche est immense et elle est déjà en cours en Grèce. Il y a de nombreuses manifestations, mais on se concentre beaucoup là-dessus et on ne tient pas assez compte du fait que des millions de Grecs sont parfaitement conscients de la nécessité de changer radicalement les choses.”
Alex Taylor :
“On a beaucoup parlé de fiscalité et notamment du dysfonctionnement du système. Qu’est-ce qui devrait changer ?”
Anni Podimata :
“On a déjà changé en profondeur, le système des retraites, la santé, l‘éducation, l’administration publique. En même temps, nous avons adopté et mis en oeuvre des mesures très radicales pour consolider le pays d’un point de vue fiscal.
Mais avant tout, nous devons changer les mentalités sur plusieurs aspects dans mon pays, mais pas seulement. Je pense qu’en Europe en général, nous devons faire évoluer les mentalités au sujet de nos responsabilités et de nos droits en tant que membres de l’Union européenne.”
Une question d’Erik, téléspectateur suédois :
“Je voudrais savoir ce que l’Union européenne et le Parlement peuvent faire pour soutenir la Grèce dans la crise actuelle.”
Anni Podimata :
“Le problème majeur de la Grèce et de manière générale en Europe, c’est le manque de confiance entre nous, entre les différentes populations au sein de l’Union et envers notre monnaie unique.
Le Parlement peut faire beaucoup et déjà, il a fait beaucoup. Il peut clairement faire passer un message de solidarité et de respect à l‘égard du peuple grec et faire preuve de compréhension envers l’effort important que mon pays est en train de fournir pour appliquer ces mesures.”
Alex Taylor :
“Je vis aussi à Berlin et je peux vous dire que les Allemands pensent qu’ils font un effort immense pour sortir la Grèce des problèmes qu’elle a eus par le passé. Les pays du Nord sentent bien qu’ils vont devoir donner davantage d’argent pour effacer les erreurs précédentes de la Grèce.”
Anni Podimata :
“Absolument. J’ai beaucoup de respect pour les populations de ces pays auxquels on demande de soutenir la Grèce par le biais d’emprunts. Parfois, l’impression que cela donne à l‘étranger, c’est que l’argent accordé à la Grèce serait un don. C’est faux. L’argent est prêté à la Grèce et la Grèce le remboursera avec des intérêts.”
Une question d’Evangelia, téléspectatrice bruxelloise, d’origine grecque :
“Pensez-vous que la Grèce va rester dans une Europe unifiée ? Quel sera l’avenir de la Grèce et de l’Europe ?”
Anni Podimata :
“Ce qui est le plus difficile, c’est d’avoir le sentiment que nos partenaires, ou en tout cas certains d’entre eux, n’ont pas vraiment confiance dans nos efforts. On dirait qu’ils ne sont pas sûrs que la Grèce va réussir. C’est un problème fondamental. La Grèce et les Grecs font ce qu’ils doivent faire. Ce dont ils ont besoin avant tout dans les circonstances actuelles, c’est que leurs partenaires leur montrent la confiance qu’ils ont dans leurs efforts et leur donnent une chance de réussir et qu’ils cessent de tout le temps douter d’eux. On ne devrait pas en tant que citoyens, et en tant que politiciens, adopter les habitudes des marchés financiers.”
Question d’Elisabeth, autrichienne et belge :
“J’aimerais bien savoir quelle peut être le rôle spécifique de la femme dans la résolution de la crise actuelle ?”
Alex Taylor :
“Pensez-vous que nous aurions eu une telle pagaille si les femmes avaient été aux responsabilités ?”
Anni Podimata :
“Vous avez sûrement entendu ce slogan il y a quelques semaines après l’effondrement du système financier mondial, – on parlait des “golden boys” -. Certains, en particulier des femmes, ont affirmé que si les femmes avaient été davantage présentes dans les plus hautes fonctions du secteur financier, il est fort probable que la crise aurait été évitée.
Je pense que la crise est une occasion de rappeler la nécessité absolue d’oeuvrer en faveur de l‘égalité des sexes et de la parité. Les femmes ont eu – et ont- beaucoup à apporter pour que l’on ait une approche différente, plus équilibrée et plus équitable dans la façon dont nous envisageons de sortir de la crise.”
Une question de Loïc, jeune téléspectateur belge :
“Si la Turquie pouvait intégrer l’Union européenne, quel effet cela pourra avoir sur la jeunesse, en Europe, sur nous et sur tout le monde en fait ?”
Alex Taylor :
“Anni Podimata, vous avez reçu un Prix de journalisme pour votre travail en faveur du rapprochement, de l’amitié entre la Grèce et la Turquie. Comment l’Europe peut-elle régler le conflit entre la Turquie et la Grèce, en particulier si la Turquie entre dans l’Union européenne ?”
Anni Podimata :
“Comme vous le savez, il y a certains critères que tout pays candidat doit remplir pour devenir un membre à part entière de l’Union européenne. Je pense, et c’est mon intime conviction, que si la Turquie adopte l’acquis communautaire et remplit les critères nécessaires…”
Alex Taylor :
“Elle n’en est pas encore là…”
Anni Podimata :
“Non, mais le processus est en cours. Je suis confiante, ce processus va se poursuivre tant que l’Union européenne restera confiante. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui remettent en cause l’objectif final de la Turquie de devenir membre à part entière de l’Union. Cela démotive les autorités et la population turques dans la mise en oeuvre de ce qu’ils doivent appliquer pour remplir leurs obligations. On doit respecter le fait que tout candidat qui remplit totalement les critères peut devenir membre à part entière de l’Union européenne.”
dimanche 25 septembre 2011
Anni Podimata : “La Grèce a besoin de la confiance de ses partenaires européens” | euronews, i talk
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