lundi 14 mars 2011
Minoritaire
Nicolas Sarkozy est honorable quand il dénonce "Kadhafi et sa clique" et menace le bourreau des Libyens d’une punition militaire. L’Europe, par contraste, est désespérante de palabres impuissantes. La reconnaissance française des opposants de Benghazi est une audace bienvenue. Et le retour du devoir d’ingérence, ou du devoir de protection, est une bonne nouvelle, après tant d’égoïsme apeuré.
Pourtant, le malaise domine. Dans les commentaires affleurent les critiques sur la méthode, le soupçon de posture et le procès en esbroufe. Les lectures politiciennes – Juppé humilié par le ralliement à la ligne BHL – dominent le débat sur le fond: quel message les démocraties doivent-elles envoyer aux peuples secouant leur joug? C’est une injustice, une logique et une constante. Cameron, au Royaume-Uni, essuie des critiques similaires.
Et Nicolas Sarkozy paye le prix de ses passés: trop d’initiatives et de contradictions ont épuisé les patiences. L’Europe a trop été percutée pour s’aligner sur le verbe français. L’exagération permanente est notre malédiction. Notre rupture avec le Mexique en témoignait déjà, l’affaire libyenne et les révolutions arabes en sont un paradigme. Complaisance grotesque envers Kadhafi en 2007, sidération malsaine il y a un mois, ingérence militaire désormais? L’inconstance suggère la légèreté: ainsi sont soupesés la France et son Président. L’homme qui devait changer le monde est désormais un minoritaire, dont la disgrâce abîme les meilleures intentions.
La décote internationale du sarkozysme renvoie à son déclin français. Chaque semaine apporte son lot d’avanies: censure par le Conseil constitutionnel des articles de la loi sur la sécurité intérieure; abandon de la déchéance de nationalité; entrée en dissidence du conseiller élyséen à la Diversité, Abderrahmane Dahmane, rendu enragé par le débat sur l’islam.
À chaque fois, le pouvoir paye le prix des de ses foucades et de son irrespect des usages. Les sages du Conseil ont rappelé que l’État avait des devoirs – ne plus bafouer la protection des mineurs, fussent-ils délinquants. Les centristes ont sanctionné le péché de xénophobie. Quant à la pantalonnade Dahmane – comparer l’UMP aux néo-nazis est pitoyable –, elle est le châtiment d’une politique : encourager le communautarisme et promouvoir ses hérauts, puis stigmatiser les musulmans – et finalement perdre sur tous les tableaux.
Ainsi s’enfonce le Président dans une Berezina de l’opinon: 19% au premier tour d’une présidentielle selon CSA, au fond du trou dans le baromètre Ifop/JDD. On pourra juger méritée cette punition sondagière, prix du gâchis et de la transgression. Il faudra d’autant plus reconnaître à Nicolas Sarkozy son courage et les vertus d’un homme d’État, s’il parvient, malgré tout, à mettre fin au calvaire de la Libye.
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