TOUT EST DIT

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lundi 14 mars 2011

Moulinets incantatoires

Le séisme, le tsunami et les menaces nucléaires au Japon ont éclipsé le sommet de la zone euro, vendredi et samedi. Le rendez-vous était pourtant d’importance, puisque l’euro est à nouveau dans le collimateur des marchés, et que l’on pourrait assister, dès aujourd’hui, à une offensive contre la monnaie unique.

En Europe, ce n’est pas une centrale nucléaire qui fuit, c’est l’argent de la dette. La semaine dernière, l’agence de notation Moody’s a dégradé les notes de la Grèce et de l’Espagne : les plans de sauvetage élaborés dans la douleur depuis l’année dernière n’ont rien réglé. La Grèce est incapable de rembourser ses emprunts – tout comme l’Irlande d’ailleurs – et les plans d’austérité en Espagne et au Portugal n’ont pas mis ces deux pays à l’abri. Ils sont plus exposés que jamais à la rapacité des prêteurs.

Pour faire face, les dix-sept pays de l’euro ont renforcé leur « Fonds de soutien » abondé avec de l’argent virtuel (des garanties). Ils ont aussi baissé les taux d’intérêts appliqués à Athènes, tout en rallongeant la durée des prêts. Le surendetté a obtenu un petit sursis, qui a été refusé à l’Irlande, moins docile. Mais la crise reste entière. Sommet après sommet, les Européens posent des rustines et bricolent des dispositifs compliqués… qui ont pour caractéristique principale de contourner le vrai problème : le fossé économique ne cesse de s’agrandir entre les pays « en bonne santé » comme l’Allemagne, et ceux qui tirent la langue à force de vouloir marcher au même rythme qu’eux. Angela Merkel a obtenu à Bruxelles un « pacte pour l’euro » qui n’est qu’une nouvelle liste de sacrifices pour les économies les plus fragiles. Comme au Moyen Âge, le remède est la saignée, agrémentée de moulinets incantatoires masquant l’impuissance du médecin.

Impuissants, les Européens le sont avant tout à cause de leurs rendez-vous électoraux. Angela Merkel affronte une série de scrutins qui s’annoncent désastreux cette année, Silvio Berlusconi est sur un siège judiciaire éjectable et Nicolas Sarkozy est en année préélectorale. Pour tous, il s’agit de trouver des expédients permettant de tenir jusqu’aux échéances. Il est peu probable qu’ils y parviennent. Les marchés n’attendront pas, et le nouveau gouvernement irlandais non plus. Il a été mandaté par ses électeurs pour renégocier le plan d’austérité imposé au pays et il compte bien le faire dès le sommet de fin mars.

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