TOUT EST DIT

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lundi 14 mars 2011

L'heure de vérité du nucléaire

Des voitures empilées comme de simples miniatures, des immeubles terrassés comme des châteaux de sable. Tout un paysage emporté par une masse d'eau gigantesque, irréelle, presque fascinante si ses effets n'étaient pas si épouvantables.

Depuis vendredi, les images diffusées en boucle par les télévisions du monde entier se passent de commentaire. Le Japon est frappé triplement. Par deux fléaux naturels, le séisme et le tsunami qu'il a provoqué, et par le risque encore plus angoissant de catastrophe nucléaire qui monte d'heure en heure.

Aucune image ne permet de mesurer ce risque. Et pour cause. La radioactivité est, par nature, invisible. Nul au monde n'est plus conscient que les Japonais des ravages durables qu'elle peut provoquer, depuis que l'archipel du Levant a essuyé les effets dévastateurs des premières bombes nucléaires, à Hiroshima et Nagasaki, en 1945. Et pourtant, cela n'a pas empêché les gouvernements nippons, au nom de l'indépendance énergétique, de construire, en un demi-siècle, cinquante-quatre réacteurs électronucléaires. Sur une des terres les plus exposées du globe au risque sismique.

Depuis samedi, au moins trois centrales, situées au nord de Tokyo, sur la côte orientale, ont connu de graves accidents nucléaires. Dans l'urgence, les autorités ont décidé d'utiliser l'eau de mer pour parer au blocage des systèmes de refroidissement, une procédure qui ne manque pas d'alarmer les experts. Surtout, les informations manquent. La presse nippone était très critique, dès hier, sur la lenteur du gouvernement dans la communication et la définition de périmètres de sécurité pour la population civile.

Une indicible angoisse

On retrouve, malheureusement, le silence officiel, si angoissant, qui entoure chaque accident de ce type. À Tchernobyl, en 1986, la faute put facilement être attribuée aux professionnels du mensonge qu'étaient les responsables soviétiques, même si le silence des autorités françaises de l'époque ne fut pas plus glorieux. Aujourd'hui, c'est au gouvernement japonais de gérer cette crise nucléaire majeure, dans un contexte de catastrophe naturelle qui complique lourdement sa tâche.

L'issue de cette crise étant encore incertaine, c'est surtout une indicible angoisse qui domine. Si l'alerte nucléaire devait se conclure dans les prochains jours ou les prochaines semaines sans drame majeur, les défenseurs du nucléaire civil pourraient à bon droit affirmer que cette technologie résiste aux pires fléaux.

Mais, si ce n'est pas le cas, la question nucléaire, relancée dès hier en France par les écologistes, se posera avec d'autant plus d'urgence que le Japon était réputé pour ses capacités technologiques.

Défenseurs et adversaires du nucléaire ont bien compris que les événements qui secouent le Japon constituent une épreuve de vérité pour l'ensemble de la filière nucléaire internationale. Parce qu'elle concerne directement toutes les populations civiles, la question nucléaire mérite toujours de faire l'objet d'un vrai débat.

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