TOUT EST DIT

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vendredi 25 février 2011

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Menteurs, tricheurs, et bien souvent irresponsables, certains dirigeants européens sont aujourd'hui mal placés pour faire prévaloir les valeurs de l'UE auprès des révoltés du monde arabe, dénonce la Frankfurter Rundschau. 

L’Union européenne appelle à l’arrêt des violences en Libye et à l’ouverture d’un dialogue entre les manifestants et le gouvernement. C’est ce qu’ont déclaré les ministres des Affaires étrangères en début de semaine et ce qu’ont répété les jours suivants la Commission européenne ainsi que Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, lors de son séjour au Caire. L’arrêt des violences et le dialogue, voilà qui fait l’unanimité. Personne ne peut y trouver à redire. C’est comme le progrès, la lutte contre la pédophilie et l’honnêteté en politique, tout le monde est pour.
L’intelligence consiste à ne pas répéter les mêmes erreurs. L’Union européenne n’est pas intelligente. Elle a trop longtemps soutenu des tyrans corrompus, comme en Tunisie et en Egypte, et ces souvenirs lui colleront longtemps à la peau.

Une imposture digne de la thèse de Guttenberg

L’Union européenne se trompe encore une fois avec la Libye. Elle aurait pu décréter des sanctions contre le clan Khadafi depuis longtemps et exprimer sa solidarité avec les manifestants. Mais l’Italie s’y est opposée. Rome a besoin de la Libye, qui lui sert à la fois de fournisseur d’énergie et de rempart contre l’immigration. De son côté, l’Allemagne ne tourne pourtant pas autour du pot : Khadafi doit partir. Même la France prône désormais une attitude de fermeté. Mais voilà, la politique étrangère européenne reste une farce, une imposture digne de la thèse de doctorat de Karl-Theodor zu Guttenberg : beaucoup d’allure, peu de substance.
L’Europe doit reconnaître qu’elle souffre d’un déficit chronique de crédibilité. L’Union européenne est moralement corrompue et va constamment à l’encontre de ses principes. En témoignent non seulement sa réaction vis-à-vis des mouvements contestataires d’Afrique du Nord, mais aussi sa gestion de scandales internes.
Mettons-nous un moment dans la peau d’un citoyen d’Afrique du Nord suivant les actualités européennes à la radio ou sur Internet. Il y a quelques semaines, il aura d’abord entendu parler d’une certaine Michèle Alliot-Marie, ministre française des Affaires étrangères qui, il y a peu encore, entretenait une relation particulièrement chaleureuse avec l’entourage du président tunisien Ben Ali. En janvier, elle est même allée jusqu’à lui offrir l’aide des forces de sécurité française pour lutter contre les manifestants qui défilaient dans les rues de Tunis. L’intéressée n’a plus la moindre crédibilité, mais Nicolas Sarkozy ne songe pas un instant à la renvoyer. Voilà qui est regrettable : si l’Europe oeuvre pour la stabilisation durable de la Tunisie, la France sera décisive.

Les égoïstes marchandages de la scène européenne

L’Europe connaît également bien d’autres turpitudes qui ne peuvent que semer le doute en Afrique du Nord à l’encontre du vieux continent. Il y a le président du conseil italien, Silvio Berlusconi, qui se voit aujourd’hui accusé de prostitution de mineurs et de divers abus de pouvoir mais refuse de démissionner. Quelle est la réaction de l’Europe ? Nulle. Lors de leur prochain sommet, les Merkel, Sarkozy et Cameron accueilleront à bras ouverts leur ami Berlusconi. Même chose avec Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois qui voulait abolir la liberté de la presse dans son pays. Au parlement européen, cette initiative lui a valu…la protection du Parti populaire européen.
Il y a plus d’un an, alors que le traité de Lisbonne entrait enfin en vigueur après d’interminables tractations, beaucoup croyaient à l’avènement d’une ère nouvelle. L’Europe serait plus percutante, plus démocratique et aurait enfin un autre statut sur la scène internationale.
Aujourd’hui, on ne peut que constater combien l’Europe est loin de tout cela. La démocratie est sérieusement menacée dans certains de ses pays membres. D'égoïstes marchandages continuent de dominer la scène européenne. L’Union européenne fait penser à des protections anti-incendie que l'on appliquerait au moment où la maison brûle. C’est ce qui s’est passé avec la crise financière et celle de l’euro, et c’est ce qui en train de se reproduire avec les révolutions en Afrique du Nord. L’Europe se compromet systématiquement. Il est temps qu’elle s’en rende compte.

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