TOUT EST DIT

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vendredi 25 février 2011

La vertu de l'essence chère

Quelques centimes de plus, depuis peu, sur le litre de super, de gazole ou de fioul domestique, quelques dizaines de centimes demain : c'est tout le prix que les révolutions arabes nous demandent de payer, et celui-ci paraît bien dérisoire au regard de la valeur du sang versé en Libye, en Egypte et en Tunisie. Si le citoyen d'Occident ne peut qu'y souscrire, il est inévitable que le consommateur s'en préoccupe, lui qui, déjà inquiet pour son pouvoir d'achat, entrevoit de devoir longtemps payer plus cher pour rouler ou se chauffer. Il a raison car la nouvelle envolée des prix du brut observée hier sur les marchés, portant à 20 % la hausse des cours de l'or noir depuis une semaine, va sans tarder se répercuter à la pompe et ne retombera pas de sitôt : les conséquences économiques du défaut de la Libye, producteur marginal, montrent une nouvelle fois, s'agissant d'une matière première limitée, la grande sensibilité du marché pétrolier.

Que l'essence redevienne durablement plus chère et le gaz plus onéreux imposera naturellement des sacrifices, notamment aux Français les plus modestes. Mais, à plus long terme, c'est une heureuse nouvelle pour la soutenabilité d'économies portées par la transformation de ressources énergétiques en voie d'extinction. Au sortir d'une crise qui a quelque peu bouleversé l'ordre des priorités, reléguant le développement durable à l'arrière-plan, cela redonne à tous la conscience de la finitude des énergies fossiles, comme de la nécessité de promouvoir les énergies renouvelables. Avec cette hausse des prix des hydrocarbures, nous commençons donc à acquitter, sous une autre forme, cette vertueuse taxe carbone, peu soutenue dans la majorité et mise en pièces par le recours de l'opposition socialiste, qui avait obtenu, voici plus d'un an, qu'elle soit censurée par le Conseil constitutionnel. A la différence du produit de cet impôt français mort-né, qui aurait pu alimenter les investissements publics dans les énergies alternatives, celui de l'« impôt libyen » ira remplir les caisses des Etats producteurs de pétrole, au Moyen-Orient. Au moins s'agit-il, pour certains, désormais, de démocraties naissantes.

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