TOUT EST DIT

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vendredi 25 février 2011

Dans le secret des sondages

C'était pourtant un bon signe pour la démocratie : deux sénateurs appartenant à des camps opposés, Jean-Pierre Sueur (PS) et Hugues Portelli (UMP), ont présenté ensemble une proposition de loi destinée à réguler la pratique des sondages. Mais le texte, adopté à l'unanimité par la Haute Assemblée, risque d'être bloqué par l'opposition du gouvernement. Ce serait dommage, car son application serait bénéfique dans la grande fièvre de la campagne présidentielle. On connaît les reproches faits aux sondages. En période préélectorale, ils peuvent influer sur les résultats : lors du scrutin présidentiel de 2002, la sous-estimation de la dispersion des voix à gauche a contribué à l'élimination de Lionel Jospin au premier tour. En période ordinaire, on les accuse de servir de boussoles à l'action du pouvoir (même si on ne peut pas dire que les réformes de l'actuel quinquennat aient été guidées par une recherche éperdue de popularité...). Surtout, on s'interroge sur leur fiabilité quand on constate les différences entre les réponses enregistrées, dans des enquêtes simultanées, à des questions quasiment identiques.

Or la proposition Sueur-Portelli contient une petite bombe. Les réponses recueillies sur le terrain, sont, on le sait, « redressées » pour que les groupes socioprofessionnels, politiques, religieux, au sein de l'échantillon interrogé, aient une importance conforme à leur poids dans la population. Jusqu'ici, les méthodes de ce redressement sont tenues secrètes, au motif qu'il s'agirait pour chaque institut d'une donnée stratégique. Leur divulgation deviendrait obligatoire si le texte sénatorial était adopté : le public et la presse pourraient constater, sur le site de la Commission, la façon dont les différences de méthode influent sur les résultats publiés et l'écart souvent énorme qui sépare ces derniers des résultats bruts. Cela ne remettrait peut-être pas en cause la fiabilité des instituts les plus sérieux, mais jetterait un doute salutaire sur l'image des Français que dessinent les innombrables sondages - plus de 1.000 par an -dont ils sont l'objet.

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