TOUT EST DIT

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mercredi 17 juillet 2013

Une communication gouvernementale bien huilée


Lorsqu'on voit l'actualité, il est plus que temps de s'imposer une minute de silence, par respect : la France, c'est maintenant certain, dispose en Ayrault et Hollande d'un couple de super-héros, ou, à tout le moins, de personnages d’État aux capacités inouïes. Il faut en effet des années à un musicien chevronné pour maîtriser parfaitement et devenir chef de tout un orchestre cacophonique ; pourtant, en six mois, nos deux larrons viennent d'achever leur formation avec cette petite touche personnelle et cette maestria qui les rangera de façon définitive dans les livres d'Histoires (pour enfants, au chapitre des Clowns de Légende).
Pour arriver à cette performance assez incroyable que bien des imbéciles ont tenté sans jamais réussir, il aura fallu l'aide de tout le gouvernement. La performance et le résultat nécessitaient en effet que tous les efforts soient coordonnés pour aboutir à une cacophonie parfaite dans laquelle chacun a pu exprimer sa petite opinion dissidente de tout le reste.
Reconnaissons tout de même que le terrain avait été déjà amplement préparé par le précédent gouvernement et le prédécesseur de François Hollande à l’Élysée : on se souvient en effet que les discours et déclarations consternantes se suivaient régulièrement dans le plus parfait désordre et que le fond, la logique et l'harmonie disparaissaient habilement au profit d'une réactivité épidermique assez stupéfiante suivie d'une absence de concrétisation pragmatique admirable. Mais voilà : l'unanimité globale de direction et de discours du gouvernement et de l'assemblée laissait encore de belles marges de progression en matière de bordel total.
En nommant très habilement d'authentiques branquignoles et de véritables incompétents dans tous ses ministères, avec une minutie et une attention qui tiennent -- on peut le dire -- de l'orfèvrerie en matière de n'importe quoi gouvernemental, Hollande a su verrouiller une place de leader incontestable en cacophonie républicaine. Il ne restait plus qu'à donner à l'orchestre l'actualité suffisante, ce parfum de panique et de WTF chimiquement pur pour lui permettre de s'exprimer dans toute la profondeur que seul de parfaits abrutis peuvent déployer lorsqu'ils jouent avec l'argent des autres en pleine soirée open bar.
Et alors que la crise se fait plus violente, que les dépêches AFP se suivent et se ressemblent dans leur tristesse et leurs fautes d'orthographes ridicules, comment ne pas voir le génie discret et puissant qui se cache derrière la bonhommie tranquille d'un dessert laitier lorsque François Hollande a nommé des gens comme Filipetti, Duflot & Batho, Taubira, Montebourg, Moscovici, Sapin ou Vallaud-Belkacem à des postes pourtant importants ? Comment ne pas imaginer que notre fromage national ne savait pas qu'il allait inévitablement, avec cette brochette de cuistres phénoménaux, toucher puis tenir la cacophonie parfaite pendant des jours, voire des semaines ?
Les faits sont pourtant limpides.
Ainsi, lui, président, qui ne devait pas faire dans le people avec ses histoires de famille et ne devait pas aller fourrer son nez dans la justice, nous aura gratifié d'une magnifique fanfare de bisbilles publiques entre son ex et sa courante et se mêle ouvertement des procès que sa concubine entend mener contre les méchants biographes qui écrivirent sur elle.
Parallèlement, le gouvernement n'est pas en reste.
Il y a, bien sûr, le bombardon du centre, cuivre imposant qui écrase de ses basses mal posées une bonne partie du reste de l'orchestre qui s'en donne pourtant à cœur-joie pour faire grincer les notes. Et derrière l'instrument formidable, on ne peut trouver qu'un Montebourg qui alterne à un rythme médicalement dangereux les amphétamines et les tranquillisants puissants ; depuis qu'il a "traité" le cas Florange, on sait que le bougre en a sous le pied, qu'il peut, s'il le veut, mettre tout l'orchestre à genoux, le pays en déroute et semer panique et désolation chez tous les industriels. C'est bien simple : personne n'y comprend plus rien. Il devait y avoir mais il n'y aura pas nationalisation, la présidence devait tancer vertement Lakshmi Mittal et apparemment n'en a rien fait, la filière chaude de Florange devait être sauvée mais fermera, elle pouvait être reprise mais finalement non, et grâce à la multiplication des déclarations contradictoires du gouvernement, du ministre du Couinement Patriotique, de la présidence de la République et de la multinationale d'aciers, on est sûr d'une chose : le prochain dossier que traitera le bouillant Arnaud ne pourra pas être autre chose qu'un désastre retentissant.
D'ailleurs, il a déjà commencé en entonnant les mesures suivantes de sa propre partition en allant fureter du côté de Rio Tinto. Avec une telle nouvelle, les ouvriers lucides doivent actuellement refaire leurs CV.
Du côté des flûtistes et autres joueuses de pipeau, Filippetti y va de ses petites trilles sur l'actuel président de France Télévision, tout en s'improvisant directrice des programmes en fournissant son appréciation de l'actuelle grille de France 3. Tout ceci serait évidemment bel et bon si le pouvoir politique était officiellement le commanditaire des chaînes de télévision. C'est plus gênant dans un pays dont les gouvernants nous répètent tant qu'ils peuvent que l'époque de l'ORTF recadrée par le pouvoir n'est plus d'actualité.
Symétriquement, dans les hautbois, en mode silence total, on trouve Cécile Duflot. On ne peut que diagnostiquer un plantage total, une espèce de "freeze" parfait puisque d'un côté, la ministre en charge du logement ne semble pas s'émouvoir qu'à Notre-Dame-Des-Landes, on s'en prenne violemment à des SDF qui avaient pourtant trouvé moyen de se faire des abris de fortune. De l'autre, l'ancienne dirigeante du parti écologiste n'émet pas les sons stridulants auxquels on pourrait s'attendre alors qu'un projet d'aéroport va écraser plein de petites bestioles et de jolis habitats naturels éco-durables. La seule explication rationnelle est que la brave fille a enfin mis sa langue en prise directe avec le générateur de bruit rose qui règne entre ses oreilles. C'est reposant, finalement.
Bien sûr, les violoncelles sont aussi de la partie puisqu'on a assisté ces derniers jours à un joli match de ping-pong musical entre Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira, respectivement porte-parlotte et garde des sots du gouvernement. Bien malin celui qui sait clairement quel amendement rigolo sera ou non inclus dans le projet de loi autorisant les mariages de même sexe : adoption ou procréation médicalement assistée ? Mystère et Boule de Gomme, qui a justement déclaré qu'il laisserait le parlement souverain, autre façon de dire "Démerdez-vous sans moi, les enfants, j'ai une lettre à écrire pour un Juge."
Et bien sûr, pour clore ce magnifique ensemble, nous ne pourrons pas nous empêcher de rappeler la performance artistique d'Ayrault, à mi-chemin entre la flatulence en ut et le rot pulsé en si bémol majeur ; d'un côté, à la découverte, stupéfait, que Depardieu quittait le pays, le premier ministre a exprimé dans les termes les plus clairsun patriotisme nationaliste vibrant d'imposition et de traque du nanti un tantinet populiste que, eut-il été de droite, ses amis socialistes n'auraient pas manqué de fustiger.
De l'autre, bien sûr, il s'est comme à son accoutumée mollement écrasé comme une préparation pâtissière ratée, avec ce manque si caractéristique de couilles qui font de lui, à coup sûr, un premier ministre à la bonne hauteur qui pourra sans aucun doute tenir encore quatre ans sans pépins majeurs :
Au passage, on notera la petite saillie drôlatique du chef d'orchestre cacophonique :
"Payer un impôt, c'est un acte de solidarité, c'est un acte patriotique"
On pouffera sur l'idée que payer un impôt injuste, débile et servant à rembourser les erreurs monstrueuses du passé serait subitement patriotique lorsqu'il est réclamé par une bande de voleurs et d'incompétents, alors que, dans le même temps, une brouettée d'élus socialistes de l'Ain déclarent ne plus vouloir payer un prêt que leur engeance a contracté (ou leur prédécesseur, on s'en fiche puisque c'est la même soupe).
Bref, en un mot comme en 1200, le gouvernement actuel maîtrise maintenant de façon parfaite l'absence totale de cohérence de son action, et assume avec le rictus des cuistres son ignorance complète en gestion du pays. Mais le plus beau, et de loin, est que cette cacophonie est si puissante, si forte qu'elle a réussi à s'étendre dans l'opposition qui n'a pas trouvé mieux pour continuer à exister que s'y mettre à son tour, dans un bordel aussi indescriptible que réjouissant.
En fait, si Hollande voulait atteindre la perfection ultime, il devrait sérieusement envisager d'ouvrir un peu son gouvernement aux deux guignols de l'UMP qui se chamaillent plaisamment. Voilà qui donnerait une ampleur réellement nationale au foutage de gueule permanent qu'est devenue la politique en France.
Pas de doute, ce pays est foutu, mais au moins, ce sera en musique.



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