TOUT EST DIT

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lundi 8 novembre 2010

Retraites, leçons d'une bataille

La réunion hésitante de jeudi dernier et la mobilisation en net retrait de samedi ont confirmé ce que chacun savait déjà : la bataille des retraites est terminée et elle se conclue sur la victoire du gouvernement et de Nicolas Sarkozy. Sans reculer sur l'essentiel, ce dernier a fait passer une réforme dont l'ampleur -symbolique, financière, politique -est profonde. Et qui aura de surcroît une incidence concrète et rapide sur la vie des Français. Naturellement, personne ne sait si cette issue servira ou non le candidat Sarkozy en 2012. Mais quatre premiers enseignements peuvent d'ores et déjà être tirés de ces six mois de conflit.

Un : de même que les manifestations ont remplacé les grèves comme mesure de la mobilisation, le blocage des transports publics ne constitue plus le principal levier d'action pour paralyser ou ralentir le pays comme en 1995 ou même en 2003. Cette fois-ci, ils ont été remplacés par les raffineries. Le service minimum est passé par là.

Deux : dans les rangs syndicaux, il y a désormais le puissant tandem CGT-CFDT, qui estime avoir gagné la bataille de l'opinion malgré sa défaite, et les autres. Force ouvrière, notamment, se retrouve affaiblie. Reste à vérifier ce diagnostic lors des prochaines élections professionnelles.

Trois : la longue habitude de couper la poire en deux entre les chiffres de la police et ceux des syndicats pour avoir une idée du nombre de manifestants a au minimum du plomb dans l'aile. Aussi surprenant que cela puisse paraître, des expertises concordantes laissent penser que les premiers s'approchent le plus de la vérité ! Un ou trois millions de personnes, ce n'est pas la même chose…

Quatre : une empathie a priori de beaucoup de médias pour les mouvements sociaux conduit parfois à sur-interpréter les faits. Quelques lycées sont bloqués ? On y voit le malaise de toute une génération alors qu'une partie de ces jeunes de 16 ans, osons le dire, ont été tout simplement ravis de ces heures gagnées sur les cours.

Sur le fond -les retraites -, une question et une certitude restent. La question est simple : si les opposants n'avaient pas exclu d'emblée et par principe toute évolution de l'âge légal, Nicolas Sarkozy aurait-il été contraint d'être plus souple sur le calendrier ou le point le plus contesté, le travail jusqu'à 62 ans des salariés ayant commencé à 18 ? C'est probable. La certitude, enfin. Ces six mois ont une nouvelle fois confirmé la lourde interrogation sur le rapport au travail en France mais aussi, si on veut donner un sens au soutien apporté aux manifestants par l'opinion, sur le malaise profond des classes moyennes quant à leur avenir. C'était vrai avant la crise, cela l'est encore plus après.

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