TOUT EST DIT

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lundi 8 novembre 2010

Le projet "l'égalité réelle" ravive les tensions internes au PS

Le projet du Parti socialiste pour "l'égalité réelle", dernière pierre programmatique de son futur projet présidentiel, ravive les divisions internes que le conflit des retraites avait permis de mettre en sourdine.
Fruit de six mois de travail piloté par le porte-parole et représentant de l'aile gauche du parti, Benoît Hamon, le texte arrive en débat après celui sur le modèle de développement, la rénovation politique et les relations internationales.
Ce document, qui a l'aval du premier secrétaire du PS, Martine Aubry, contient sur 40 pages près de 200 propositions sur l'éducation, la santé, la lutte contre les discriminations ou encore le logement et la gestion de l'eau.
Le texte devait être discuté lundi soir au sein de la "commission des résolutions", où les différents courants internes peuvent déposer des amendements, avant un vote du Conseil national du PS, le "parlement" du parti, mardi soir.
De nombreuses mesures figuraient déjà dans le projet présidentiel du PS en 2007, comme l'allocation autonomie pour les jeunes mais d'autres sont de nature à faire des remous, comme l'idée d'un "récépissé de contrôle d'identité" délivré par les policiers aux jeunes, expérimenté à New York.
"C'est une bonne mesure pour les jeunes, qui se sentent harcelés, et pour les policiers", que l'on ne pourra plus accuser, défend la secrétaire nationale Pascale Boistard.
Mais les critiques, qui vont crescendo depuis une semaine, portent surtout sur le côté "catalogue" du projet, sans hiérarchie ni chiffrage budgétaire et les candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2012 s'en donnent à coeur joie.
Les proches de Dominique Strauss-Kahn ironisent sur des propositions "totalement irréalistes" et l'entourage de l'ancien premier secrétaire du PS François Hollande a raillé par presse interposée la "hotte du père Noël" de Benoît Hamon.
François Hollande, dont la cote de "présidentiable" a grimpé au fil de l'automne, souhaitait repousser le débat pour "rendre le dispositif crédible" aux yeux des Français. Devant le refus de Martine Aubry, les "Hollandais" réservent leur vote de mardi.
FEUILLE BLANCHE TROP ROUGE ?
Le député-maire d'Evry, Manuel Valls, qui a, lui, déjà annoncé qu'il serait candidat en 2012, a aussi prévenu qu'il ne voterait pas le texte "en l'état". "Pour être audible, il est plus sage de procéder à une évaluation financière de chaque mesure", a-t-il déclaré dans Le Parisien dimanche.
Des voix discordantes que Martine Aubry fait mine de ne pas entendre. "Il y a ceux qui bossent et ceux qui bavassent", dit la première secrétaire, dont l'entourage tire à boulets rouges contre François Hollande.
"Il est de plus en plus candidat et de plus en plus organisé mais on attend toujours ses propositions alternatives", commente un proche. Ce qui compte aux yeux de la maire de Lille c'est que "99% des socialistes sont dans le train".
La direction balaie également les critiques sur le coût budgétaire de ces mesures. Pour Martine Aubry, crédibilité budgétaire et crédibilité démocratique vont de pair.
"Les Français sont très conscients des contraintes et ils ne croiraient pas quelqu'un qui dit: 'demain on rase gratis'", estime l'ancienne ministre.
Avant la "convention des conventions", où le PS présentera son projet présidentiel en avril 2011, une commission a donc été chargée du chiffrage des mesures, qui seront hiérarchisées autour de trois axes: ce qu'il faut faire au cours des 100 premiers jours, ce qui relève de la législature et ce qui a besoin d'un temps politique plus long, entre 10 et 15 ans.
A ses détracteurs, qui l'accusent de profiter de son statut de porte-parole pour faire avancer des idées trop ancrées à gauche, Benoît Hamon rappelle qu'il a travaillé sur le projet avec douze secrétaires nationaux venus de tous horizons.
"De toutes façons, j'ai le sentiment que si j'avais rendu une feuille blanche, ils l'auraient trouvée encore trop rouge", plaisante le porte-parole.

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