Dmitri Medvedev, le président de la Russie, a prononcé jeudi un discours à la nation qui se voulait moderniste et en rupture avec la politique de Poutine. Pourtant, ce ne serait qu'une façade, ce changement serait voulu par Poutine lui-même qui depuis toujours tire les ficelles, dans l'ombre tire les ficelles de la poupée Medvedev
Fils de professeurs, Dmitri Medvedev devait l'être aussi
Dmitri Medvedev est né en 1965 à Léningrad, fils unique de parents professeurs, il est diplômé en droit civil à l’Université de Saint-Pétersbourg en 1987, établissement qui avait déjà vu passer sur ses bancs Staline et Vladimir Poutine. Pendant ses études, il se passionne pour le hard rock, notamment le groupe Deep Purple (musique alors interdite) et invitera même plus tard le groupe pour le 15e anniversaire de la compagnie Gazprom. Il enseigne brièvement le droit à l’université puis devient assistant juriste dans le "Comité des relations extérieures" de la mairie de Saint-Pétersbourg dirigée par Anatoli Sobtchak. C’est là qu’il rencontre son modèle, Vladimir Poutine, alors directeur du Comité.
Il est fan de Vladimir Poutine qui en fera son dauphin
En 1999, ce dernier le recrute pour être son directeur de campagne pour la présidentielle de mars 2000. Les relations entre les deux hommes sont de plus en plus étroites "Le premier est devenu le grand frère du second et Medvedev a adoré Poutine comme un dieu, acceptant de faire tout ce qu'il lui demandait" raconte Lioudmila Fomitcheva, ancienne porte-parole d'Anatoli Sobtchak. En 2000, Medvedev (AFP) devient Président du Conseil de Direction du groupe Gazprom puis prend la tête de l’administration présidentielle. Nommé en 2005 premier vice-Premier ministre chargé des grands projets nationaux, il commence à être pressenti comme dauphin du dirigeant, Poutine ne pouvant pas se représenter pour un troisième mandat consécutif cherche à poser ses pions. D’ailleurs en 2006, dans un avion qui le ramène de l'Altaï, Poutine se laisse aller à des confidences et décrit les qualités de son successeur à un chroniqueur "Il sera jeune, libéral et loyal... Il vous plaira". C’était le portrait de Medvedev, Poutine veut un homme loyal tout comme Boris Eltsine avait exigé cette qualité de Poutine avant de l’adouber.
Il devient le troisième président russe dans la continuité de Vladimir Poutine
Il est finalement désigné candidat à l’élection présidentielle de 2008 par les partis de la coalition au pouvoir soutenant Vladimir Poutine et élu au premier tour avec 70% des voix. Son premier acte est de nommer Poutine Premier ministre de la Fédération de Russie. Objectif avoué de Medvedev : poursuivre l’œuvre de Poutine sans "rien abîmer". L’occasion pour Poutine de rester dans l’ombre tout en tirant les ficelles du pouvoir. Le magazine Forbes a d’ailleurs placé jeudi le Premier ministre russe au troisième rang des personnalités les plus influentes au monde, quarante places devant Medvedev.
Il souhaite "moderniser la Russie de fond en comble"
Jeudi, dans son discours annuel à la nation, Medvedev a annoncé un vaste programme de modernisation de son pays afin de le sortir des affres de la corruption. "Pour la Russie, c'est une question de survie dans le monde contemporain", a déclaré le président russe. "L'heure est venue, pour les nouvelles générations du peuple russe, de faire entendre leur parole et de faire accéder leur pays à une nouvelle étape de développement".
Parmi les changements annoncés dans l’économie russe, il souhaite notamment en finir avec les conglomérats publics mis en place par Vladimir Poutine et spécialisés dans l'armement (Rosoboronexport), les nanotechnologies (Rosnanotekh) ou l'énergie atomique (Rosatom). Pour rendre son pays plus efficace, il prévoit de réduire le nombre de fuseaux horaires. Un réseau national d’internet haut débit devrait être mis en place et un moteur à propulsion nucléaire permettant d'effectuer des vols spatiaux sur d'autres planètes devrait être réalisé d’ici 2014. Enfin sur le plan politique, Medvedev souhaite une "concurrence libre, juste et civilisée entre les partis" politiques faisant ici référence aux élections régionales du 11 octobre et aux fraudes massives qui ont favorisé Russie unie, la formation de Vladimir Poutine.
De ce discours, ressort donc une critique non dissimulée à l’égard de son prédécesseur et mentor Vladimir Poutine. Medvedev tenterait-il de s’extraire de l’influence de ce dernier ? Rien n’est moins sûr, il semblerait en réalité que ces réformes aient été décidées en commun par les deux hommes, le dernier mot revenant même à Poutine lors du discours de politique générale qu’il prononcera devant son parti le 20 novembre à Saint-Pétersbourg.
lundi 16 novembre 2009
DMITRI MEDVEDEV - Le pantin de Poutine
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