vendredi 17 décembre 2010
Virage agricole
Pour la première fois de l'histoire de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) il y avait hier deux candidats pour se disputer la tête du chef de file du syndicalisme agricole tricolore. Après dix années de présidence Lemétayer, la rivalité entre un « riche céréalier » et un « petit producteur » a pu donner l'image d'un monde paysan profondément désuni entre des champions de l'exportation cherchant à accroître encore leurs récoltes et des inquiets de la surproduction exigeant plus protection. Divisée en interne et fragilisée de l'extérieur par la montée en puissance de mouvements paysans plus corporatistes, la FNSEA traverse il est vrai une période difficile. Il est cependant crucial pour l'agriculture française qu'une fois l'élection passée, le monde agricole réapprenne à parler d'une voix, s'il souhaite peser, tant au niveau français qu'européen. Les chantiers qui attendent ce secteur stratégique de l'économie française sont en effet massifs.
Entre le coup d'envoi de la réforme de la politique agricole commune qui devra aboutir d'ici au début 2013 et la volonté de la France de profiter de son actuelle présidence du G20 pour tenter d'avancer sur le dossier de la régulation du prix des matières premières, l'agriculture va se retrouver au coeur de nombreux débats. Des débats dont l'issue à court terme influencera durablement notre paysage agricole.
Les paysans français se doutent que dans une Europe élargie et contrainte budgétairement la part allouée au soutien de l'agriculture -et en particulier de l'agriculture tricolore -va fatalement se réduire. Ils savent aussi qu'au-delà des ambitions affichées par Nicolas Sarkozy sur le terrain de la régulation, la capacité d'une France, encore isolée sur ce dossier, d'imposer plus de contrôles risque de se heurter à l'hostilité des marchés et à l'inertie de nombreux acteurs publics. En cette fin 2010, l'agriculture française peut donc avoir le sentiment qu'elle a plus à perdre qu'à gagner.
Ce n'est pourtant pas inéluctable. Face à une Europe qui a longtemps considéré qu'il fallait produire moins car les subventions coûtaient chères, elle doit retrouver l'ambition d'un secteur prêt à exporter et à se battre avec ses atouts sur le marché mondial. Elle devra pour cela accepter de renouer avec l'innovation technologique, source de productivité, et arrêter de considérer que produire plus et produire mieux sont fatalement incompatibles.
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