TOUT EST DIT

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vendredi 17 décembre 2010

L'emploi et son revers

L'économie française avance encore à petite vitesse, mais elle crée déjà des emplois. Dans sa note de conjoncture publiée hier, l'Insee confirme que la production nationale manque d'énergie. Elle va rester dans les prochains mois sur une pente de progression à peine supérieure à 1,5 %. C'est sa tendance depuis la fin 2009, au sortir de la récession. Sauf bonne surprise, la prévision d'une croissance de 2 %, associée au budget 2011 voté cette semaine par le Parlement, ne sera donc pas atteinte. Mais une bonne surprise est toujours possible. La preuve : il y en a déjà une dans le panorama conjoncturel. L'emploi ne va pas si mal. Le propos peut paraître provocateur dans un pays où près d'un actif sur dix est au chômage et où beaucoup d'autres ont des postes précaires. Mais ça devrait être bien pire. Si les employeurs avaient réagi à la crise comme ils l'ont fait par le passé, le nombre de leurs salariés auraient chuté d'un demi-million de plus entre la mi -2008 et la mi-2010. Ils ont donc changé de comportement, en sacrifiant leurs marges, en embauchant dès le redémarrage des affaires. Les chercheurs de l'Institut de la statistique ont cherché à comprendre pourquoi. Leur première explication est plutôt rassurante. Les chefs entreprise ont voulu préserver leurs effectifs. L'assouplissement des critères de recours au chômage partiel leur a fourni un outil précieux, que leurs concurrents allemands ont encore plus utilisé. Les industriels se sont aussi sans doute souvenus que les licenciements brutaux lors de la récession de 1993 les avaient affaiblis au moment de la reprise, au point de perdre des contrats faute de ressources humaines. Mais ça n'explique pas tout. D'où la seconde explication, beaucoup plus inquiétante : la crise pourrait bien révéler une rupture dans la productivité. La productivité, c'est la production par tête, le seul vrai moteur durable de la croissance. Sa forte hausse, de plus de 5 % l'an, avait fait les Trente Glorieuses. Après le choc pétrolier de 1973, son rythme de progression avait décliné, jusqu'à 2 % au début des années 1990. Ces dernières années, elle gagnait plutôt 1,5 % par an. Son rythme de progression pourrait bien avoir descendu une nouvelle marche pour se situer autour de 1 %. Cela constituerait une bonne nouvelle pour l'emploi à court terme : quand la productivité ralentit, les entreprises doivent embaucher davantage. Mais derrière, c'est aussi toute la machine à produire de la richesse qui faiblit. Pour l'instant, ce n'est qu'une hypothèse. Mais une hypothèse qui pourrait devenir un formidable défi économique, social, financier et politique.

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