TOUT EST DIT

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dimanche 12 décembre 2010

Obama plus centriste 
que Borloo ou Bayrou

Le président des États-Unis a compris l'importance de satisfaire les électeurs indépendants qui l'ont amené au pouvoir.
Sous la Révolution française, on appelait cela le Marais. Sous la IIIe et la IVe République, les radicaux. Dans la France d'aujourd'hui, on les dit centristes. Les Américains, peut-être plus réalistes, les baptisent indépendants. Dans presque tous les pays démocratiques, ils représentent cette masse d'électeurs qui ne sont encartés à aucun parti, ne sont sensibles à aucune idéologie, se définissent comme modérés et sont susceptibles, selon les élections et les chefs de file qui les incarnent, de voter plus à droite ou plus à gauche et souvent de faire basculer des majorités.

Ce sont eux qui ont fait élire pour la première fois, avec Obama, un Noir démocrate à la Maison-Blanche. Aux élections du mid-term, en novembre dernier, ce sont encore eux qui lui ont fait perdre sa majorité à la Chambre des représentants, en lui permettant seulement de sauver d'un cheveu celle du Sénat. Non pas parce qu'ils ont voté à droite et pour les candidats populistes du Tea Party. Mais parce qu'ils ont purement et simplement abandonné le camp Obama dont ils avaient fait le succès en 2008. Déçus par un président qui leur avait promis le changement, et notamment la maîtrise de leurs problèmes à l'échelon local, et s'est révélé plus sensible que quiconque aux pressions étatistes et aux diktats de l'administration fédérale. Il a de plus donné la fâcheuse impression d'avoir, dans la crise financière, obéi au lobby des banques en sauvant la mise de ceux qui avaient déclenché la crise. Enfin, il s'est précipité pour satisfaire l'aile libérale du parti démocrate (c'est dire gauchiste) en faisant voter, à marche forcée, une loi sur l'assurance maladie qui lui a valu d'être taxé de "socialiste" (qualificatif presque infamant aux États-Unis) et qui de plus ne satisfait même pas ceux qui vont en bénéficier.

Le parti du bon sens

"Chaque fois qu'un responsable politique se rapproche trop des extrêmes, les électeurs le lui rappellent à la première occasion", énonce Steven Ekovich, professeur à l'université américaine de Paris. La leçon n'a pas échappé à la Maison-Blanche. Obama a en effet tiré les leçons de sa "déculottée" des mid-term et pris un virage, dont le grand éditorialiste du Washington Post, David Broder, dit déjà qu'il sera peut-être la clé de sa future réélection en 2012. Après un mois d'hésitation, le président a mangé son chapeau et accepté le 7 décembre, à la demande des républicains, de reconduire les réductions d'impôts décidées, ô horreur, par son prédécesseur, George Bush, en échange d'une amélioration du sort des chômeurs. Il a ainsi pris le risque de paraître céder aux vainqueurs. En réalité, il a repris l'initiative en matière économique, mécontenté l'aile gauche du parti démocrate qui hurle maintenant à la trahison, mais satisfait les centristes, les fameux indépendants.

N'en déplaise à Jean-Louis Borloo ou à François Bayrou, il n'est pas nécessaire d'avoir des structures, une formation, des congrès, des militants, pour gagner les élections. Il faut être simplement à l'écoute du parti le plus important, celui de la modération et du bon sens.

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