TOUT EST DIT

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dimanche 12 décembre 2010

Piquée au vif

La paix divise aussi. Si le comité Nobel norvégien a honoré des lauréats incontestables, il a également connu son lot de polémiques. Même le choix du président Obama, récompensé avant même qu’il soit véritablement entré en action, avait suscité maintes réactions. Il en va ainsi du prix 2010 attribué au dissident chinois Liu Xiaobo (prisonnier, il ne pourra aujourd’hui recevoir son prix ; ni sa femme ni ses frères ne le pourront en son nom). La Chine ne décolère pas : pour elle, le militant, auteur d’une charte appelant à plus de démocratie, est un délinquant légitimement condamné à des années de détention. Et il n’est pas sûr que la précision sémantique du président du comité Nobel apaisera son courroux : « Ce n’est pas un prix contre la Chine, a- t-il expliqué. C’est un prix qui honore le peuple chinois. » Même s’il a pris soin d’ajouter que « dans une grande mesure, l’avenir du monde est entre les mains de ce grand pays ».

La communauté internationale se trouve contrainte de prendre parti, en répondant positivement ou négativement à l’invitation des Nobel. Or, les arguments sonnants et trébuchants de la Chine ont du poids, notamment en période de crise économique. La Norvège en mesure aujourd’hui, à ses dépens, les effets. Mais, parmi les pays qui boycotteront la remise du prix, se rencontrent aussi des nations qui ne se reconnaissent pas dans la conception occidentale des droits de l’homme et contestent une telle ingérence dans leurs affaires intérieures.

Paradoxalement, l’agacement de la Chine est une bonne nouvelle. À condition, bien sûr, que le prix Nobel ou ses proches ne pâtissent pas de ce coup de projecteur international. La Chine a été piquée au vif. Elle a conquis une place éminente sur le plan économique, intimidant le reste de la planète. Avec le succès des Jeux olympiques, lui a été décerné un brevet d’efficacité et de performance. Désormais, l’image politique et diplomatique qu’elle offre au monde n’est pas une préoccupation mineure. La Chine veut peser sur les relations internationales, à la hauteur de son poids démographique et commercial. Elle aspire à être regardée avec crainte et respect, et pas seulement au travers de la frêle silhouette d’un prisonnier politique plus connu hors de ses frontières qu’à l’intérieur.

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