TOUT EST DIT

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dimanche 12 décembre 2010

Police-justice: 
le couple infernal

L’une et l’autre peuvent-elles se le permettre ?

La police et la justice ont-elles vraiment les moyens de se livrer à une interminable petite guerre d’usure ? Quand la question de la sécurité reste majeure après huit années où elle a été prioritaire dans les politiques des gouvernements de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, et quand notre système judiciaire est à ce point délabré qu’il peine à accompagner l’évolution de la société, la réponse paraît évidente. Bien sûr que non !

La tension entre ces deux institutions majeures apparaît même choquante tant elle brouille à répétition quelques repères essentiels de notre démocratie. Tant elle sape, apparemment sans complexe, la confiance envers la règle du jeu élémentaire de notre République.

Que la force et le droit s’avèrent souvent conflictuels, soit. Que l’ordre et les libertés se télescopent, quoi de plus normal ? Que le pouvoir de réprimer et celui de juger n’aient pas toujours le même regard, c’est une évidence. L’honneur d’une Nation, ce n’est pas de chercher à gommer ces contradictions fécondes, mais de rechercher perpétuellement un équilibre pour les associer.

Il revient au pouvoir politique d’harmoniser le plus sereinement possible ces forces parfois divergentes, certes, mais nullement condamnées à être rivales. C’est une lourde responsabilité qui suppose beaucoup de modestie, de discrétion, et de rondeur. L’absence de ces trois qualités mettant évidemment tout l’édifice en péril. Il semblerait que le ministre de l’Intérieur en soit totalement dépourvu. C’est bien fâcheux.

Brice Hortefeux, qui se plaint régulièrement des polémiques médiatiques, passe une partie de son temps à en provoquer. Rien ni personne ne l’obligeait à contester la condamnation de policiers qui ont déshonoré leur mission. Une démarche doublement fautive pour un membre du gouvernement. Non seulement la loi interdit de commenter publiquement une décision de justice, mais le chef de la police ne saurait enfreindre le principe de la séparation des pouvoirs.

Un acte irresponsable aussi. Les caïds des banlieues doivent kiffer en regardant la bataille de chiffonniers que se livrent policiers et juges. Quel spectacle que des gyrophares vengeurs devant le palais de justice ! Ils profitent, forcément, des caricatures qui déconsidèrent leurs adversaires et... affligent les Français.

C’est une évidence qu’on ne devrait pas avoir à rappeler : le pays a besoin de croire à la fois dans sa police - qui a un devoir d’exemplarité - et de croire dans sa justice, qui n’est pas intouchable et ne saurait donner l’impression, parfois, de détricoter le travail de la première. Mais doit être respectée en toutes circonstances.


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