Royal se lance dans la course à la présidentielle, ajoutant de la confusion à la confusion dans les rangs du PS. D'autant plus qu'Aubry et DSK entretiennent le trouble en laissant le champ libre à toutes les ambitions.
Une longue guerre des nerfs commence au Parti socialiste. Entre Dominique Strauss-Kahn qui entretient un vrai-faux suspense sur sa candidature, Martine Aubry qui peine à faire régner l'ordre dans ses troupes et Ségolène Royal qui a jeté son pavé dans la mare, une période de six mois s'ouvre où tout est possible. Comment ne pas donner l'impression aux Français que le PS est surtout préoccupé par ses bagarres intestines, à l'heure d'une crise financière internationale grave ? La compétition est la loi de la politique. Mais si elle dégénère en bataille rangée, alors que les sympathisants de gauche ne rêvent que d'unité pour battre la droite, les retombées peuvent être graves, quel que soit le champion finalement retenu pour combattre le président sortant.
Le calendrier des primaires a été devancé par tous ceux qui sont inquiets du vide créé par l'attente du retour du "sauveur" Strauss-Kahn. Ce dernier, même s'il se sent assez sûr de lui pour continuer à jouer l'Arlésienne, offre objectivement une opportunité à ceux qui veulent se faire entendre. La première concernée est évidemment Ségolène Royal. Elle n'avait plus rien à perdre. Distancée dans les sondages, enfermée dans une alliance à trois qu'elle avait souhaitée dans un premier temps, elle se lance dans une précampagne en parlant officiellement d'unité nécessaire mais en se démarquant des éléphants qui peuvent prétendre participer à la présidentielle de 2012. Elle a ridiculisé Martine Aubry, limitant le dialogue avec DSK, marginalisant de facto la première secrétaire. Elle n'exclut rien, y compris une primaire avec le patron du FMI, qu'elle égratigne entre les lignes. Elle va inévitablement lui porter tort pendant les prochains mois, ne serait-ce que pour établir un rapport de forces. Elle se présentera comme la meilleure connaisseuse du terrain, celle qui a le plus envie de trouver des solutions aux problèmes de ses concitoyens et celle qui peut se targuer d'avoir réuni 47 % des suffrages sur son nom en 2007.
Aucun des concurrents de Royal ne peut en dire autant. Peuvent-ils rester muets ? Martine Aubry a décidé de patienter jusqu'à dimanche pour délivrer son homélie. A-t-elle encore l'autorité nécessaire pour se faire entendre ? Et DSK ne va-t-il pas lasser certains de ses sympathisants en ne prenant pas le risque de débarquer plus tôt que prévu de son confortable et valorisant poste au FMI ? Ce "joyeux bordel", comme le qualifie en privé un hiérarque du PS, ne peut qu'être sanctionné par le peuple de gauche. Et faire le miel d'une droite qui prend la situation comme une bouffée d'oxygène. Au moment où Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages, où son remaniement ne lui a donné aucun élan et où ses propres élus doutent de lui, c'est pain bénit. La majorité va pouvoir ironiser sur la "gauche la plus bête du monde", alors qu'elle avait tout en main pour incarner l'alternance. Le chef de l'État va tenter de persuader les électeurs qu'il est le seul à penser à l'intérêt général pendant que ses adversaires se chamaillent. Une lucarne en attendant le match pour de vrai.
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