L'ancienne star du football créé le buzz en invitant les gens à retirer leur argent des banques. Cette initiative n'inquiète pourtant pas trop les instances financières.
« C'est grotesque et irresponsable. Cantona en conseiller financier, ce n'est pas très sérieux (...) A chacun son métier, et les vaches seront bien gardées ! ». L'attaque, lâchée dans France-Soir par François Baroin, est claire. Pourtant, si le ministre du Budget prend la peine de réagir à l'appel lancé par l'ancien joueur de Manchester United, c'est bien que le sujet fait frémir. Au moins en théorie.
« 60.000 personnes qui retirent leur argent, ça ne fait pas tomber le système »
Les instance financières, elles, ne croient pas à l'arrivée massive de clients désireux de répondre à l'appel d'Éric Cantona et de retirer, le 7 décembre, tout leur argent des banques. La page Facebook dédiée à l'initiative compte 34.000 membres, auxquels on peut rajouter 26.000 autres personnes qui envisageraient de se joindre au mouvement. « 60.000 personnes qui retirent leur argent, ça ne fait pas tomber le système », tempère déjà un banquier parlant sous couvert d'anonymat. « Entre la sympathie que tu exprimes sur Internet et le fait que tu te rendes en agence, il y a un écart énorme », ajoute-t-il, évoquant une « gigantesque farce ».Une « farce » qui, si elle est réalisée, n'aura même pas d'impact médiatique. Difficile, en effet, d'imaginer d'énormes files d'attente pour 60.000 clients dans un pays qui compte 40.000 agences et plus de 53.000 distributeurs de billets. « Au stade actuel, l'action citoyenne n'a que très peu de chances de déclencher un mouvement de retrait généralisé, susceptible de menacer les banques », considère même l'association altermondialiste Attac.
Les banques sont donc plus confiantes. Les derniers mouvements de ce type, les fameux « bank run », leur permettent de se préparer au pire. Autrement dit, les instances financières connaissent les seuils d'alerte et l'initiative d'Éric Cantona ne paraît pas, à l'heure actuelle, en mesure de les atteindre. Si l'on se fie aux précédents, il faudrait que les retraits atteignent plusieurs centaines de millions d'euros au moins en quelques heures pour créer des tensions au sein des banques. Du jamais vu en France.
« Ça va emmerder le monde »
Pour autant, un expert bon connaisseur de la panique bancaire affirme, sous couvert d'anonymat, prendre l'initiative « très au sérieux » en relevant que le mouvement a reçu de l'écho dans d'autres pays: « les Britanniques relaient très fort l'appel du 7 et vu le climat social et la protestation étudiante, ça peut devenir très explosif ». « Admettons que tout le monde retire (son argent). A ce moment qu'est-ce qu'on fait pour les transactions, on va tout payer en cash ? », s'interroge l'économiste Bernard Maris.Plusieurs banquiers avertissent eux que la perspective de gros retraits en espèces mardi pourrait pousser le nombre d'agressions à la hausse. « Ca ne va pas faire tomber le système, mais ça va emmerder le monde », conclut l'un d'eux.
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