TOUT EST DIT

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samedi 4 décembre 2010

La crise, quelle crise ?

Alors que depuis plusieurs mois la zone euro est ébranlée par une crise d'une violence telle que son existence même est remise en cause, que chaque jour les économistes squattent les colonnes des plus grands journaux  pour donner leurs analyses, élaborer des scénarios, crier à la fin de l'euro, demander la restructuration des dettes, ou voir dans la crise une formidable occasion pour lancer une union, une vraie cette fois, économique et politique, en France, on ne se sent pas trop concernés par ce problème "européen". Vue de l'hexagone, l'Irlande depuis la crise de la dette, paraît très très loin. 
Sur la crise irlandaise, Nicolas Sarkozy n'a pas pipé mot le 16 novembre lorsqu'il présentait à la télé (presque deux heures de monologue...) sa feuille de route pour la fin de son mandat. Pas un mot non plus de François Fillon, Premier ministre reconduit, dans son discours de politique générale du 24 novembre, remarquait cette semaine Le Monde. Le quotidien constatait que "la crise européenne est le grand tabou du débat politique" : "Ne pas en parler, c'est le leitmotiv des dirigeants politiques dans un pays qui a voté non à 55% à la Constitution européenne en 2005". Un pays où les hommes politiques sont chaque jour toujours plus accaparés par l'horizon 2012, date de la prochaine élection présidentielle.
Il aura donc fallu les propos inquiétants prononcés sur CNBC la semaine dernière par la Cassandre en chef, Nouriel Roubini – des prévisions pessimistes reprises fissa dans les journaux anglo-saxons – quant à la capacité de l'hexagone, vu son déficit budgétaire et ses difficultés à se réformer, à rembourser sa dette, pour qu'on se mette à penser, en France, que le pays, lui aussi, pourrait être à son tour concerné par la crise de la zone euro.
Dimanche, alors que le Journal Du Dimanche faisait sa une sur "Crise financière : la France menacée", l'Elysée, se fendait dans l'après midi même d'un communiqué qui en substance, expliquait que, non, le pays n'était pas sur la liste des prochains pays à se casser la margoulette, que nous n'étions pas "grâce au ciel" dans la même catégorie que la Grèce ou l'Irlande, contrairement à ce que laissaient entendre les oiseaux de mauvais augure.  "Les taux d'intérêt, à la différence de ce qui s'est passé avec l'Irlande, le Portugal et la Grèce, n'ont pas bondi (...) les taux d'intérêt français ont même un peu tendance en valeur absolue à baisser, plutôt qu'à monter". "Je ne crois pas que ce genre de titre sur la base de simples indications de marché corresponde à la réalité" indiquait une source à la présidence de la République .
Et pour mieux se rassurer, Les Echos ont publié le 1er décembre une interview de Deven Sharma, le président de Standard & Poor's, l'une des impitoyables agences de notation, celles qui depuis la crise grecque font la pluie et le beau temps sur les marchés. Parce que depuis plusieurs jours, explique le quotidien, des rumeurs circulent sur les marchés évoquant un prochain placement de la note de la France sous surveillance négative par Standard & Poor's. Mais rassurons-nous, la "France mérite sa note AAA à l'heure actuelle" a déclaré, magnanime, Deven Sharma.
Enfin le 1er décembre, Christine Lagarde, ministre de l'Economie qui présentait à la presse ses priorités pour les prochains 18 mois, affichait un optimisme sans faille quant à la viabilité du modèle économique français capable de recréer des emplois depuis début 2010.
Autant d'affirmations positives pour rassurer les marchés et surtout les électeurs français sur l'extraordinaire capacité de l'hexagone à passer à côté de l'énorme tempête.

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