TOUT EST DIT

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samedi 4 décembre 2010

L'école dans la campagne...

L'inégalité n'est souvent qu'une statistique, tellement répétitive qu'elle finit par se vider de sa substance. Chacun sait désormais que 15 % des élèves de l'école élémentaire arrivent en fin de CM2 sans savoir lire, écrire ou compter correctement. Voilà des années qu'on le répète, des années qu'on pleurniche, sans que notre société se mobilise vraiment contre ce scandale national. Pire : nombre d'élus de toute appartenance continuent de claironner que notre système éducatif reste, malgré tout, l'un des meilleurs du monde.
Cette certitude fait partie de notre roman national mais elle vole en éclats à la lecture de l'étude de l'Unicef énonçant que « les pays riches laissent tomber les enfants les plus pauvres ». Parmi les privilégiés, la France est 23° au classement des 24 pays de l'OCDE pour l'attention portée aux enfants les plus défavorisés dans le domaine de l'éducation !
De quoi faire réfléchir sur la machine à discriminer qu'est devenue l'école. Pour quelques héros du mérite - qui justifient la pérennisation du statu quo - combien de gosses sacrifiés par avance dans une mécanique ouvertement sélective. Des laissés-pour-compte, presque tous issus de familles en difficulté, qu'on gère de classe en classe mais qu'on ne prend pas par la main dès le CP, en s'en donnant les moyens, comme on le fait dans les pays scandinaves. Le rétablissement du certif' ne changera rien à cet abandon de fait : les 75 % qui réussissent à l'école suffisent à faire oublier les 25 % qui échouent.
A côté de ce diagnostic désolant, il y a au moins une bonne nouvelle. Un consensus aussi heureux qu'inattendu. Quel(le)s que soient leurs candidat(e)s, le PS et l'UMP vont mettre l'école au sommet de leurs programmes pour la présidentielle de 2012. Enfin !
Si elle résiste aux passions électorales, cette détermination commune sera digne de l'ambition d'un grand pays. Dans tous les camps politiques chacun a bien compris que l'éducation est un enjeu qui dépasse le cadre scolaire parce qu'il conditionne à la fois l'équilibre et la cohésion sociale d'un pays. Avec la natalité la plus élevée d'Europe (derrière...l'Irlande), les Français tiennent là une occasion de donner des gages de modernité, d'audace et de dynamisme. Trois qualités qu'on leur reconnaît de plus en plus rarement au-delà des frontières hexagonales... Leurs figures politiques, que le monde scolaire ennuie, sauront-elles se mobiliser sur un thème opiniâtre, délaissé par les caméras, où la polémique n'a pas vraiment sa place ? Il faudra le voir à l'épreuve des faits. Cela suppose une remise en question de notre traditionnel débat binaire entre autosatisfaction et catastrophisme, aussi stériles l'un que l'autre.

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