Les spécialistes de l'investissement en fonds propres dans les PME ont la gueule de bois. Participations en difficultés, performances en baisse, investisseurs mécontents, les lendemains de fête, celle de la bulle du crédit, sont difficiles pour le « private equity ». Il y a dix ans déjà, après l'euphorie de l'Internet, la profession dans son ensemble avait payé pour les excès commis par quelques-uns. Cette fois-ci, ce sont les virtuoses du méga-LBO qui sont montrés du doigt. Mais c'est bien tout le secteur, dont l'activité est très liée au cycle économique qui doit encore une fois se réinventer.
Pour autant, la crise actuelle ne se résume pas à une simple remise en ordre. Elle se complique pour le secteur d'une prévisible pénurie de matière première, c'est-à-dire d'argent à investir. Qu'il s'agisse de Solvabilité II pour les assureurs, des règles Volcker ou de Bâle III pour les banquiers, la nouvelle réglementation financière en cours d'élaboration estime que l'investissement dans le non-coté est trop risqué et pas assez liquide pour les groupes financiers. Résultat, c'est plus du tiers du réservoir dans lequel la profession puise les fonds qu'elle investit qui va se tarir d'un coup. Et pour le moment, les voies de recours (fonds souverain, particuliers…) sont insuffisantes.
Après tout, on pourrait considérer que cette purge n'est pas une mauvaise chose, tant est dégradée l'image d'un métier, souvent associé aux excès de la finance triomphante. On aurait tort. Si un toilettage des moeurs est souhaitable, notamment en termes de partage de la valeur entre les équipes, les salariés des entreprises financées et les investisseurs, il ne faut pas oublier le rôle que le « private equity » joue dans le financement à long terme des entreprises. En France, chaque année ce sont au minimum 1.500 entreprises de toute taille qui y trouvent les fonds propres indispensables à leur développement. Et ce sont en général les plus prometteuses et les plus dynamiques… Réduire l'enveloppe disponible pour les fonds du non-coté, c'est donc aussi limiter la croissance future de ces sociétés.
Au moment où le crédit bancaire est plus rare et où l'avenir de la Bourse comme source de financement des sociétés de taille moyenne est loin d'être assuré, on peut se demander s'il y avait urgence à rogner les ailes de ces professionnels.
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