TOUT EST DIT

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vendredi 19 novembre 2010

Le boa irlandais

Il y avait la Grèce, ce pays en péril financier si sympathique et si désinvolte, l'archétype du « Club Med » de l'économie, selon la formule désobligeante de l'ancien ministre des Finances allemand Theo Waigel. Et maintenant, il y a l'Irlande. Ah, ce « tigre celtique » au dynamisme éblouissant qui, il y a quatre ans encore, attirait les investissements en raison de sa faible fiscalité ! Le modèle rêvé du capitalisme mondialisé accommodé à la sauce européenne avec ses services et ses entreprises de haute technologie, du moins leurs sièges sociaux !
Mais une différence de taille sépare la Grèce de l'Irlande. Athènes a frisé la faillite parce que ses gouvernements successifs n'ont jamais su ou voulu gérer l'État. Dublin, grâce aux généreux contribuables irlandais évidemment non consultés, renfloue ses banques privées asséchées par la spéculation, notamment immobilière. Et ce que leur verse l'État irlandais ne suffit pas puisque le déficit public de cette année frise déjà le tiers du PIB - donc le tiers des richesses produites en 2010. Or, avec si peu de crédibilité bancaire, comment continuer à emprunter à des taux raisonnables ? L'euro étant la devise de l'Irlande comme de la Grèce, c'est bien sûr la monnaie unique qui trinque. Et avec elle, toute l'UE.
Certes, un plan de sauvetage européen existe depuis le risque de faillite grecque : 440 milliards € de « parapluie » portés à 750 milliards avec les apports du Fonds monétaire international. Mais sous des conditions que l'Irlande négocie âprement dans l'espoir... de garder son beurre avec l'argent du beurre. Ainsi, pas question pour Dublin de renoncer à sa faible fiscalité sur les entreprises, une exigence qui montre en même temps toute la faiblesse de la monnaie unique évoluant dans des environnements sociaux et fiscaux différents. C'est-à-dire sans encadrement politique pour finalement ressembler à des « bons » fluctuant au gré du vent financier par belle brise, et jamais quand la tempête souffle !
Toutefois, pas d'inquiétudes dans l'immédiat ! L'Europe et l'euro sauront maîtriser la crise irlandaise. Mais demain la crise portugaise, peut-être espagnole, peut-être italienne ? Les grands argentiers de la Banque centrale européenne de Francfort et de l'Eurogroupe ont déjà, à leur corps défendant, gobé quelques couleuvres plus ou moins grosses. Mais pas encore de boas. Or ils sont déjà là, tout proches avec leurs puissants muscles ondoyants qui étouffent leur proie avant de l'avaler. Et cette nouvelle proie, à moins d'être enfin défendue, sera l'euro...


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