TOUT EST DIT

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vendredi 19 novembre 2010

L'Irlande n'est pas la Grèce, mais...

Sept mois seulement après avoir subi l'électrochoc grec, l'Europe se retrouve à nouveau en péril face à un système bancaire irlandais au bord de la rupture. Les Cassandre de service l'assurent : il pourrait, le cas échéant, menacer d'autres pays de la zone euro, voire provoquer son éclatement. Pour l'heure, cependant, on est sans doute plus près de la crise de nerfs que de la crise cardiaque.

Contrairement au psychodrame grec, de bonnes raisons existent encore de croire à un dénouement raisonné, à défaut d'être tout à fait raisonnable et totalement inoffensif. Car il faudra, c'est évident, payer le prix fort ¯ en argent et peut-être en croissance ¯ du gâchis irlandais, bâti lui aussi sur une énorme bulle immobilière alimentée aveuglément par les banques.

L'Irlande n'est pas la Grèce. Pas seulement parce qu'elle est, somme toute, moins endettée et qu'elle a déjà engagé une action sérieuse pour redresser ses finances publiques. À Dublin, le sport national, c'est le rugby. Pas l'indiscipline budgétaire, pas la manipulation répétitive des comptes, pas le cache-cache avec le fisc. À Dublin, l'État a une légitimité, une autorité et une consistance avérées...

Et novembre n'est pas avril. Entre-temps, les autorités politiques et monétaires de l'Union européenne ont su se doter d'une solide trousse financière d'urgence ¯ le Fonds européen de stabilité financière ¯ susceptible de perfuser les pays malades jusqu'à hauteur de 750 milliards d'euros. A priori, l'Irlande, qui a besoin de quelques dizaines de milliards, ne sera donc pas en manque. Ni même éventuellement d'autres pays asphyxiés par la dette et des taux d'intérêt « impayables », Portugal en tête.

Mieux, ces mêmes autorités, aidées par le FMI, ont su faire preuve d'une réactivité qu'on ne leur soupçonnait pas. Elles n'ont pas attendu des semaines pour intervenir au coeur du dossier. Là aussi, le précédent grec a porté. On devrait ainsi pouvoir boucler, si tout le monde y met du sien, un plan d'aide suffisamment rapide et efficace, en évitant que le doute s'installe sur les marchés. Et mette le feu à la spéculation.

On n'en est pas là, notamment parce que l'Irlande se fait un peu tordre le bras pour accepter le chèque de l'aide et surtout la thérapie de choc qui l'accompagne. Conscient de l'euroscepticisme profond de son opinion, adossé à une majorité ric-rac, confronté, qui plus est, à de prochaines échéances électorales, le gouvernement de Dublin fait tout pour éviter les contraintes réformatrices de ses généreux donateurs. Tout particulièrement la remise en cause d'un régime fiscal excessivement avantageux.

En tout cas, et quoiqu'il arrive, cette crise a mis au jour un symptôme plutôt troublant de la santé économique en Europe : la fragilité inattendue de certaines banques. Souvenez-vous: en juillet, toutes les banques irlandaises avaient apparemment satisfait aux tests de capacité de résistance à la crise, élaborés par l'Union européenne. On découvre ainsi que ces simulations étaient, au mieux incomplètes, au pis non fiables. Oui, Jean-Claude Trichet, le patron de la Banque centrale européenne, a raison. Il y a quelques chose d'« inquiétant » dans la gouvernance de la zone euro. Et ça, ce n'est pas une bonne nouvelle.

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