TOUT EST DIT

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vendredi 19 novembre 2010

Comme Mick Jagger, Monsieur Trichet n’est pas satisfait !

En 1972, Mick Jagger, déclarait « je ne compte pas chanter Satisfaction jusqu’à 45 ans ». Il en a près de 70 aujourd’hui. Le tube mythique de 1965 figure toujours au répertoire des concerts des Rolling Stones pour le plus grand bonheur des fans.

Au printemps 2010, Jean-Claude Trichet déclarait que le mandat de la Banque centrale européenne (BCE) n’était pas de soutenir les obligations gouvernementales des pays de la zone euro en difficulté. La semaine d’après, contre son gré, commençait un programme d’achat d’obligations des pays de la zone périphérique. Comme Mick, Monsieur Trichet n’est pas satisfait !

On a tort de se souvenir des interviews de Mick Jagger parce que c’est une rock star et de ne pas faire attention aux discours du gouverneur de la BCE, sous prétexte qu’ils sont moins amusants (combien d’incitations… voire d’incantations à la mise en oeuvre des réformes structurelles dans les pays de l’EMU entre 2003 et 2007 ??). Il est vrai que les contradictions des Rolling Stones portent moins à conséquence, et ont le mérite de faire sourire.

La BCE le répète depuis six mois : elle est très nerveuse quant à l’exposition de son bilan aux souverains périphériques (repo + achats = 450 milliards d’euros, soit environ 5,75 x Capital et Réserves). Elle va, semble-t-il, essayer de forcer la Commission et les instances européennes à trouver une solution (« ♫ …and I try, and I try, and I try…♫ »). Seule l’Allemagne se dit ouvertement en phase avec Jean-Claude Trichet et clame haut et fort que la BCE doit sortir de la situation actuelle car ce n’est pas son job.

Une fois que l’Irlande et le Portugal auront déclenché l’EFSF, restera à résoudre le cas de l’Espagne, qui selon de nombreux économistes (et pas uniquement des Anglo-Saxons), représente un test bien plus sévère pour les rouages européens.

Dans ce contexte, les marchés de crédit font face à deux problèmes pour l’instant distincts :

1. Le stress souverain vient brouiller les fondamentaux de crédit qui se sont en général améliorés cette année sur les corporates (paramètres backward-looking). Les spreads (écarts de taux avec les obligations sans risque) se sont légèrement écartés depuis une semaine (+9 % du spread sur l’indice Xover qui traite à 470 points de base), mais la matérialisation des craintes s’est surtout concentrée sur l’ensemble du secteur bancaire européen et sur les émetteurs non financiers des pays périphériques. D’un coté, la résurgence des craintes souveraines n’a pas anéanti l’intérêt des investisseurs pour la classe d’actif (records d’émissions de titres biens notés et de titres spéculatifs ces derniers mois) ;

2. De l’autre, les ventes de papiers bancaires (pas uniquement d’établissements sous stress et pas uniquement de Tier 1) montrent que l’ensemble des acteurs de marchés sont surexposés sur ce secteur qui sera le premier à pâtir d’une aggravation éventuelle de la crise. Les investisseurs américains ont été les premiers à réduire massivement leur exposition ces derniers jours.

On ne peut imaginer une réévaluation du risque sur le secteur financier qui n’impacterait pas les spreads corporate (au moins autant qu’au mois de mai ?). Dans ce contexte, le marché de crédit ne semble pas offrir de protection suffisante en cas d’envenimement de la situation et d’une hausse intempestive de la volatilité des indices actions (et a fortiori sur les Single Stocks).
MAX DETHOMAS

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