vendredi 19 novembre 2010
Crises européennes
L'Europe était déjà l'homme malade de la planète. Au cours de la décennie 2000, l'économie de la zone euro a progressé de moins de 1,5 % par an contre près de 4 % pour le monde et plus de 6 % pour les pays émergents ou en développement. Dans les prévisions publiées hier par l'OCDE, l'homme malade continue de se traîner. A vrai dire, les experts du club des pays développés ont peu changé leurs chiffres depuis le printemps dernier. Ils ont surtout abaissé les perspectives des Etats-Unis, où la crise immobilière s'éternise. La croissance y serait l'an prochain d'à peine plus de 2 %, soit 1 % de moins que ce qui était prévu avant l'été. Mais les pays de l'euro feraient encore moins bien, avec une progression limitée à 1,7 % l'an prochain. Sur un corps déjà affaibli, la Grande Récession de 2009 a laissé des cicatrices plus profondes qu'ailleurs.
L'Europe était déjà l'homme malade de la planète, mais son état a empiré. Car elle est désormais secouée de terribles secousses nerveuses. Les premiers soubresauts, à l'automne 2008, ont été vite maîtrisés avec des moyens exceptionnels - colmatage en catastrophe de l'Islande avec des capitaux russes, nationalisations bancaires au paradis du libéralisme financier qu'est le Royaume-Uni, sauvetage à la hussarde de la banque franco-belge Dexia. Le calme relatif de l'année 2009 a laissé croire que le pire était passé. Après l'atmosphère glaciale du début d'année, le dégel a été finalement rapide sans entraîner pour autant de débâcle. Mais l'année 2010 aura été éprouvante. Le malade a connu une première attaque venue de son pied gauche, la Grèce, en avril. Elle a été contenue à grand-peine en mai, avec la création difficile d'un dispositif de soins rapides. Il connaît maintenant une nouvelle attaque dans sa main droite, l'Irlande. Une attaque qui menace de gagner son pied droit, le Portugal, puis sa jambe droite, l'Espagne, avant de se diriger vers d'autres pays du corps.
C'était hier inimaginable, cela devient aujourd'hui réalité : la mécanique financière du Vieux Continent ressemble aux pays émergents des années 1980, où la crise se propageait de l'un à l'autre sans qu'il soit possible d'arrêter le mouvement. A chaque fois, l'Europe y laisse des forces, de l'argent, de la volonté, de la croissance aussi. Le système de sauvetage mis en place repose pour l'instant surtout sur la Banque centrale européenne. Ca ne peut plus durer. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a eu raison de le dire hier. Il faut traiter la maladie à la source. Dans le système nerveux, dans l'architecture cérébrale de l'Union, dans ses institutions et ses règles.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire