Juré, craché ! Non, le Portugal ne fera pas, ne fera jamais, appel au Fonds d'intervention européen, ce grand « parapluie » de l'euro, et l'Espagne non plus. Depuis vendredi, à Lisbonne, à Madrid et à Bruxelles, on entend la même antienne. En vain, semble-t-il : la monnaie européenne est de nouveau en pleine tourmente. Et sans raison autre que de la pure spéculation ou de la roulette de casino.
Car, par rapport au dollar, malgré les crises irlandaise et grecque, l'euro reste une devise saine. Mais comme le monde est noyé sous les dollars dépréciés, mieux vaut s'en débarrasser sans trop de pertes, donc en commençant à faire chuter l'euro pour profiter d'un meilleur change. Pour y parvenir, tous les prétextes sont bons. Ainsi, fin octobre à Deauville, la chancelière Merkel et le président Sarkozy ont eu l'audace inouïe de rappeler un principe élémentaire : aux spéculateurs, à tous ces fonds qui promettent des rendements mirobolants à leurs gogos de clients d'assumer leurs responsabilités en concourant au sauvetage des banques qu'ils ont mises en péril... et qui, à leur tour, mettent des États comme l'Irlande en péril.
Angela Merkel, et il faut le souligner, a eu le courage de le répéter en pleine crise irlandaise. Tollé de la finance internationale ! Selon ses gourous, c'est aux États concernés de garantir jusqu'au dernier centime les engagements pris. Et qui dit État, dit citoyen contribuable : à eux, et à eux seuls, de faire l'effort en rognant sur le social, sur le salaire minimum, sur les retraites... bref, sur tout ce qui fait une communauté nationale. En d'autres termes, pour la Finance qui régit le monde, la vache doit donner du lait jusqu'à l'équarrissage. Puis, on fera de même avec son veau, et ainsi de suite... Nos États européens sont aujourd'hui dans la situation de ces pays africains obligés d'honorer leurs dettes pour pouvoir continuer à emprunter. Seule leur « notation » établie par des agences à la crédibilité douteuse compte pour le calcul du taux d'intérêt à appliquer...
A qui la faute ? Il y a addition de fautes. Mais l'une concernant l'euro est vraiment « fabriquée maison ». Dans la mesure où la monnaie unique est une « copropriété », elle doit obéir à des règles précises mais non figées car le monde évolue. Or dans l'Euroland chacun fait ce qu'il veut, quitte à être mollement rappelé à l'ordre par un Eurogroupe et sa Banque de Francfort après de longues dissertations sur la gèse et l'exégèse de textes antiques car datant du siècle dernier.
L'euro, malgré toutes les attaques spéculatives, garde pourtant d'indéniables atouts. Mais il est évident que dans un avenir proche, à monnaie unique doivent correspondre des politiques économiques, fiscales et sociales uniques. Sinon, ce sera adieu à l' "€"...
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire