C'est un 1er novembre pas comme les autres. L'Élysée ne peut savoir si la nuit d'Halloween a emporté avec elle les derniers démons de la contestation, ni si le chef de l'exécutif a vraiment des raisons sérieuses de craindre un retour de flammes lors de la journée du 6 novembre. Sans doute pas : les Français semblent avoir pris acte du vote de la loi sur les retraites et le pays, qui n'aime guère les combats d'arrière-garde, a sans doute envie de passer maintenant à autre chose.
Depuis plusieurs semaines l'intensité venait de la rue. Elle va maintenant vibrer à l'intérieur de la maison gouvernementale. Le remaniement et son cortège d'ambitions contrariées vont recouvrir l'écume du débat social d'une bonne couche de superficialité médiatique. A priori, l'indécision entre le choix de Jean-Louis Borloo pour entrer à Matignon et le maintien de François Fillon à son poste n'empêche personne de dormir.
Dans le scepticisme désabusé qui considère désormais la classe politique, la raillerie est évidemment facile devant le spectacle annoncé des stratégies de ralliement, du jeu d'alliances et des répliques ambiguës. François, Jean-Louis, Bruno, Michèle, Christine Bernard et les autres ne sont pas des saint(e)s même si aujourd'hui, on fête tous leurs patrons célestes. Et alors ? L'inépuisable théâtre dont ils (et elles) sont les acteurs (trices), et les rivalités qu'il met à l'affiche, est en lui même digne d'intérêt, parce qu'il est fondamentalement humain, avec ses grandeurs et ses petitesses, ses désintéressements, parfois réels, et ses calculs. C'est une dimension respectable de la démocratie. Il est normal que l'information lui donne toute sa place et, si elle est - heureusement - rarement tragique, elle n'a pas moins de valeur qu'une actualité estampillée « sérieuse ».
Les Français, qui forment une nation extrêmement politique, ne devront avoir aucun complexe à se passionner pour le grand bouleversement qu'on leur a promis il y a déjà cinq mois. Avec les hypothèses sur les têtes qui tomberont ou ne tomberont pas, le jeu de chaises musicales autour de la table du conseil des ministres est toujours excitant (en particulier pour les journalistes politiques, avouons le), mais l'orientation de la nouvelle équipe constituera un enjeu beaucoup plus important que sa composition. Tout ce qui va maintenant se passer en coulisses avant l'annonce de la sélection par le président va préfigurer la suite de l'histoire de ce quinquennat inédit. Une nouvelle séquence passionnante.
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