mardi 2 novembre 2010
Conflits éthiques
Le gouvernement vient d'adopter son projet de loi sur la bioéthique. Il s'agit de réviser le dernier texte en date sur ces sujets qui date de 2004. On pourrait penser que, les progrès scientifiques étant si rapides dans le domaine de la biologie moléculaire, une loi vieille de six ans est obsolète. En réalité, le projet gouvernemental change peu de choses à la législation en cours. Comment expliquer ce paradoxe ?
De nombreuses études ont préparé ce projet. L'Agence de la biomédecine, le Conseil d'Etat, des missions parlementaires, le Conseil national d'éthique, tout le monde s'y est mis. Et la conclusion est quasi unanime : les principes éthiques que la France a arrêtés, il y a vingt ans, quand la biologie a commencé d'annoncer ses promesses, sont les bons. Respect de la dignité de la personne, refus de commercialiser des éléments du corps humain, prise en compte de l'embryon comme une personne humaine potentielle. Les connaissances scientifiques peuvent donc évoluer sans que les principes éthiques et juridiques en soient nécessairement atteints.
De difficiles conflits éthiques sont cependant apparus. Citons deux exemples. Fallait-il permettre à des enfants nés d'un don anonyme de sperme d'accéder à l'identité de leurs pères biologiques ? Le gouvernement répond oui pour les dons futurs, sous la condition de l'accord du donneur, et non pour les dons passés afin de ne pas remettre en cause la garantie d'anonymat jadis offerte aux donneurs. Cela paraît un compromis raisonnable. Plus délicate est la question de la recherche sur les cellules embryonnaires actuellement interdite, sauf exceptions. Fallait-il lever cet interdit au motif que ces cellules souches offrent des perspectives thérapeutiques pour le traitement de certaines maladies graves ? Le gouvernement s'y est refusé au nom du principe que l'embryon ne doit pas devenir un matériau de laboratoire. Parions que la discussion sera beaucoup plus animée sur ce point au Parlement tant la perspective que de terribles maladies puissent être vaincues grâce à ces recherches pèsera sur l'autre plateau de la balance éthique.
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